22.5.14

Confessions d'une sociopathe - ME Thomas




Sans doute avez-vous croisé des sociopathes sans nécessairement le savoir. Car, selon certaines études, une personne sur vingt-cinq dans le monde, serait concernée par ce mal !

S’il existe des masses d’ouvrages décrivant ce désordre mental, « Confessions d’une sociopathe » est absolument unique en ce sens qu’il nous donne une confession détaillée, argumentée et exposée presque cliniquement par celle, l’auteur, qui en souffre. On pourra trouver l’exercice contestable, manquant de caractère scientifique, déformé voire manipulateur. Car, pratiquer une auto-analyse, même, voire surtout quand on est d’une extrême intelligence comme c’est le cas de « M.E. Thomas », n’a jamais été la garantie d’une grande objectivité et permet de passer sous silence certains actes ou de déformer la réalité sous l’angle qui vous arrange, même le pire si nécessaire.  Peut-être, sans doute probablement même car cela fait partie des caractéristiques typiques de cette maladie. Pour autant, l’ouvrage reste absolument passionnant car il nous donne à voir de l’intérieur comment pense, vit, analyse et réagit une sociopathe brillante et intégrée dans la vie quotidienne.

Derrière le pseudonyme de l’auteur qui a tenu à conserver l’anonymat pour se protéger (aux Etats-Unis, il faut savoir que tout condamné identifié comme sociopathe sera considéré comme déviant et dangereux pour la société et, de ce fait, exposé à un maintien en prison à vie) se cache une trentenaire séduisante, physiquement attirante, ex-avocate ayant plaidé des cas impitoyablement et brillamment, et désormais enseignante en droit dans une université américaine. On comprend donc qu’elle tienne à préserver son anonymat, tout relatif cependant puisqu’elle déclare en fin de livre accepter de décliner sa véritable identité à toute personne qui en fera la demande personnelle sous la condition de conserver cette information secrète. On doute de l’efficacité d’une telle mesure qui pourrait bien se lire comme une nouvelle tentative de prise de risque maximum apportant son lot d’adrénaline qui est l’une des manifestations typiques des sociopathes.

Balayant son enfance, son adolescence et sa vie adulte, M.E. Thomas s’attache à mettre au grand jour les travers dont elle sait souffrir et qu’elle a les plus grandes peines à contenir, juste jugulée par la conscience des risques légaux et des conséquences encourus. Egocentrisme absolu, volonté délibérée et systématique de manipuler les gens pour en tirer avantage, absence totale d’empathie, de remords et de culpabilité, grande impulsivité impliquant de fréquentes pulsions de meurtres, confiance en soi démesurée sont autant de traits qui caractérisent et poursuivent celle qui se confie à nous.

Personne n’échappe à ce traitement destructeur dans son entourage. Ni sa famille, ni ses amants et maîtresses (l’homosexualité étant – a priori – une des autres tendances sociopathes), ni ses amis, ni ses élèves. 

Il aura fallu des échecs personnels lourds, des remarques de son entourage puis, le diagnostic clairement établi d’un psychiatre (à la demande de l’auteur) pour qu’un mot soit enfin mis sur le sentiment d’anormalité dont elle souffrait. Une façon d’alléger un peu le fardeau en se sachant faire partie d’un groupe, à part, mais caractérisé.

D’où aussi sa volonté d’aider celles et ceux qui souffrent du même mal qu’elle traduite dans la création d’un blog faisant référence et la rédaction de ce livre choc. Un livre qui, une fois refermé, appelle immédiatement la question de savoir qui, parmi celles et ceux qui nous entourent, est sociopathe. Ils sont légion en entreprise car possèdent les caractéristiques nécessaires pour progresser vite et efficacement. Les paris sont donc ouverts…

On notera enfin toutes les explications intéressantes données par l’auteur sur les plus récentes recherches qui tendraient à définir les caractéristiques physiques cérébrales expliquant la sociopathie ainsi que l’importance de l’éducation et de l’expérience de vie dans l’enfance. Une façon de dire que la programmation génétique ne se déclencherait que sous certaines conditions environnementales.
Même si le livre peut agacer, se révéler parfois superficiel et pas mal redondant, il n’en reste pas moins un témoignage unique, effrayant et à méditer.

Publié aux Editions Larousse – 2014 – 367 pages