Sans doute
avez-vous croisé des sociopathes sans nécessairement le savoir. Car, selon
certaines études, une personne sur vingt-cinq dans le monde, serait concernée
par ce mal !
S’il existe des
masses d’ouvrages décrivant ce désordre mental, « Confessions d’une
sociopathe » est absolument unique en ce sens qu’il nous donne une
confession détaillée, argumentée et exposée presque cliniquement par celle,
l’auteur, qui en souffre. On pourra trouver l’exercice contestable, manquant de
caractère scientifique, déformé voire manipulateur. Car, pratiquer une
auto-analyse, même, voire surtout quand on est d’une extrême intelligence comme
c’est le cas de « M.E. Thomas », n’a jamais été la garantie d’une
grande objectivité et permet de passer sous silence certains actes ou de
déformer la réalité sous l’angle qui vous arrange, même le pire si nécessaire. Peut-être, sans doute probablement même car
cela fait partie des caractéristiques typiques de cette maladie. Pour autant,
l’ouvrage reste absolument passionnant car il nous donne à voir de l’intérieur
comment pense, vit, analyse et réagit une sociopathe brillante et intégrée dans
la vie quotidienne.
Derrière le
pseudonyme de l’auteur qui a tenu à conserver l’anonymat pour se protéger (aux
Etats-Unis, il faut savoir que tout condamné identifié comme sociopathe sera
considéré comme déviant et dangereux pour la société et, de ce fait, exposé à
un maintien en prison à vie) se cache une trentenaire séduisante, physiquement
attirante, ex-avocate ayant plaidé des cas impitoyablement et brillamment, et
désormais enseignante en droit dans une université américaine. On comprend donc
qu’elle tienne à préserver son anonymat, tout relatif cependant puisqu’elle
déclare en fin de livre accepter de décliner sa véritable identité à toute
personne qui en fera la demande personnelle sous la condition de conserver
cette information secrète. On doute de l’efficacité d’une telle mesure qui
pourrait bien se lire comme une nouvelle tentative de prise de risque maximum
apportant son lot d’adrénaline qui est l’une des manifestations typiques des
sociopathes.
Balayant son
enfance, son adolescence et sa vie adulte, M.E. Thomas s’attache à mettre au
grand jour les travers dont elle sait souffrir et qu’elle a les plus grandes
peines à contenir, juste jugulée par la conscience des risques légaux et des
conséquences encourus. Egocentrisme absolu, volonté délibérée et systématique
de manipuler les gens pour en tirer avantage, absence totale d’empathie, de
remords et de culpabilité, grande impulsivité impliquant de fréquentes pulsions
de meurtres, confiance en soi démesurée sont autant de traits qui caractérisent
et poursuivent celle qui se confie à nous.
Personne
n’échappe à ce traitement destructeur dans son entourage. Ni sa famille, ni ses
amants et maîtresses (l’homosexualité étant – a priori – une des autres
tendances sociopathes), ni ses amis, ni ses élèves.
Il aura fallu des
échecs personnels lourds, des remarques de son entourage puis, le diagnostic
clairement établi d’un psychiatre (à la demande de l’auteur) pour qu’un mot
soit enfin mis sur le sentiment d’anormalité dont elle souffrait. Une façon
d’alléger un peu le fardeau en se sachant faire partie d’un groupe, à part,
mais caractérisé.
D’où aussi sa
volonté d’aider celles et ceux qui souffrent du même mal qu’elle traduite dans
la création d’un blog faisant référence et la rédaction de ce livre choc. Un
livre qui, une fois refermé, appelle immédiatement la question de savoir qui,
parmi celles et ceux qui nous entourent, est sociopathe. Ils sont légion en
entreprise car possèdent les caractéristiques nécessaires pour progresser vite
et efficacement. Les paris sont donc ouverts…
On notera enfin
toutes les explications intéressantes données par l’auteur sur les plus
récentes recherches qui tendraient à définir les caractéristiques physiques
cérébrales expliquant la sociopathie ainsi que l’importance de l’éducation et
de l’expérience de vie dans l’enfance. Une façon de dire que la programmation génétique
ne se déclencherait que sous certaines conditions environnementales.
Même si le livre
peut agacer, se révéler parfois superficiel et pas mal redondant, il n’en reste
pas moins un témoignage unique, effrayant et à méditer.
Publié aux
Editions Larousse – 2014 – 367 pages