La littérature finlandaise contemporaine s’est peu à peu
fait connaître par la capacité de ses (quelques) auteurs à commettre des romans
farfelus et déjantés (ex « Petits meurtres entre amis »). Arto
Paasilinna, né en 1942 en Laponie finlandaise, ne déroge pas à cette tradition
avec son roman culte dans les pays nordiques, « Le lièvre de
Vatanen », qui fut, par ailleurs, adapté au cinéma par Marc Rivière.
A partir d’un incident mineur, Paasilinna va laisser courir
son imagination pour entraîner son personnage principal, Vatanen, dans une
aventure qui va le conduire de plus en plus loin dans la Finlande profonde et
l’éloigner de ce qui furent ses racines d’homme occidental.
Vatanen est journaliste dans un magazine à Helsinki. Un
dimanche soir, de retour d’une excursion à la campagne pour y couvrir un sujet
sans intérêt avec un collègue photographe, leur voiture va heurter un lièvre
qui traversait malencontreusement la chaussée. Vatanen se met en tête de le
retrouver à tout prix malgré l’obscurité. Parce que l’ambiance entre les deux
hommes était déjà électrique avant l’incident et parce que Vatanen ne répond à
aucune des injonctions de son collègue pour retourner à la voiture, ce dernier
va reprendre la route furieusement en laissant Vatanen à son sort, en pleine
cambrousse, loin de tout lieu d’habitation.
Une fois le lièvre retrouvé et soigné, Vatanen va alors
entamer un long périple au cours duquel il va se délester d’une vie qui lui
pesait. Rompant les ponts avec son employeur et se séparant d’une épouse
acariâtre et atrabilaire, il part accompagné de son seul lièvre et de l’argent
qu’il a tiré de façon rocambolesque de la vente de son bateau à un ami pour
entamer un voyage plein de rebondissements au cours duquel il va se rapprocher
inexorablement d’une vie en pleine nature, centrée sur l’essentiel et dans
laquelle les rapports avec les congénères humains seront de plus en plus
sources de soucis et de contrariété.
Nous allons suivre avec amusement les étapes drolatiques de
ce personnage qui vont nous faire sillonner la Finlande profonde et nous mener
au cœur d’un immense incendie de forêt l’été, au contact d’une armée désemparée
et désabusée lors de grandes manœuvres hivernales bientôt troublées par une
improbable chasse à l’ours, nous faire rencontrer une cohorte de personnages de
plus en plus en butte avec la société et en proie à des délires éthyliques
nombreux et débridés.
L’humanité n’en sort pas grandie et l’auteur se moque
gentiment de ses concitoyens un peu frustres. On y passe un bon moment,
l’auteur parvenant même à nous soutirer ici ou là quelques sourires. Ce n’est
pas un livre inoubliable mais un livre typique pour une lecture estivale sans
prise de tête.
Publié aux Editions Denoël et d’ailleurs – réédité en 2006 –
196 pages