18.8.17

Caprice de la reine – Jean Echenoz


Rassembler des récits épars réalisés au fil du temps pour le compte de revues ou de journaux n’ayant rien d’autre en commun que la contribution d’un auteur peut légitimement poser question. Une question qui se résout d’elle-même une fois que l’on aura goûté à la prose virtuose et souvent cinglante du maître de la langue qu’est Jean Echenoz.

En sept textes souvent courts, le romancier français nous donne une leçon d’écriture. Un rien, une anecdote, une simple idée devient le prétexte à rédiger un texte d’une intelligence voire d’une érudition admirables comme dans la fabuleuse description lapidaire des vingt statues de Reines de France au Jardin du Luxembourg.

Ce qui compte pour Echenoz c’est de combiner la beauté de la riche langue française, jamais galvaudée, finement ciselée sans en donner trop l’air, avec l’impertinence. Il en va ainsi du texte inaugural, Nelson, où le grand amiral qui fit tant de torts aux Français va nous apparaître en six pages magistrales comme avant tout un homme souffrant de mille maux, d’infirmités infligées par les projectiles reçus lors des innombrables batailles navales finissant par filer à l’anglaise un dîner mondain pour se transformer en jardinier soucieux du futur au long terme.

Il en est tout autant dans la plus longue nouvelle terminale « Trois sandwiches au Bourget » où l’auteur nous offre une désopilante série de promenades dans une ville sans charme, sans grand intérêt et n’offrant guère de talents culinaires. Echenoz aime déclencher le rire au détour d’une phrase ou bien achever ses récits sur une pirouette. Un savoir-faire que l’on admirera tout au long de ces sept récits qui brillent comme autant de petits bijoux travaillés avec amour, impertinence et l’immense talent qui caractérise toute l’œuvre de ce géant de la littérature française contemporaine.


Publié aux Editions de Minuit – 2014 – 125 pages