Ce n’est pas tous les
jours que nous avons l’occasion de découvrir la littérature du Sri-Lanka.
Remercions donc la maison Mercure de France pour son courage éditorial qui nous
vaut la découverte du cinquième roman de l’auteur sri-lankais le plus connu et
apprécié en particulier en Inde à ce jour, Ashok Ferrey.
L’une des
caractéristiques de la culture de ce qui fut jadis l’île de Ceylan est de mêler
à chacune des grandes religions monothéistes qui cohabitent plus ou moins bien
la présence ancestrale, voire l’omniprésence, des esprits et des démons réputés
régler bien des aspects de la vie quotidienne. Au point, pour Clarice, la mère
de Sonny, de s’être persuadée, parce que son fils naquit noir comme du charbon,
que tous ses malheurs étaient attribuables à la présence de démons chez son
rejeton.
Parti faire des études à
Oxford, Sonny pensait s’être débarrassée d’une mère aussi encombrante
qu’avaricieuse et fondamentalement méchante. C’était sans compter sur la jeune
femme lumineuse qu’il allait rencontrer et qui allait lui faire découvrir les
démons de la passion, de la jalousie et de l’intolérance.
Après bien des déboires,
et sur l’insistance de celle qui est désormais sa jeune épouse, le couple part
en voyage de noces dans le domaine familial. Un voyage qui tournera rapidement
au cauchemar absolu. Cauchemar d’une mère prête à tout pour culpabiliser et
manipuler son monde, décidée à détruire son domaine à la recherche d’un
hypothétique trésor antique. Cauchemar d’une nouvelle passion amoureuse qui
tournera au fiasco et à la vengeance glaciale d’une épouse qui pourrait bien
n’être rien d’autre qu’une copie conforme de la mère insupportable de Sonny.
Cauchemar des démons qui s’affrontent sur la colline du domaine familial pour
attirer dans leurs rets ces faibles humains jouant sur leurs bas instincts.
Le tout finit par tourner
en une sorte de folle sarabande où le pire succède au Mal. On peine cependant à
entrer dans ce roman où l’exagération fait figure de trait principal. Beaucoup
de thèmes y sont évoqués sans jamais être véritablement traités : la
jalousie, la vengeance, la méchanceté, la perversion, la folie. Autant de sujets
qui auraient pu produire un livre d’une noirceur absolue que l’auteur évite délibérément
par un recours à un humour parfois un peu lourd. Bref, on ressort plus
sceptique que comblé de cette lecture franchement exotique.
Publié aux Editions
Mercure de France – 2018 – 291 pages