Depuis « La
vérité sur l’affaire Harry Québert », formidable premier roman qui s’est
vendu à plus de trois millions d’exemplaires (excusez du peu !), chaque
nouvelle parution de celui qui est désormais considéré comme un maître du polar
chic est attendue avec impatience par une horde de fans.
Disons-le tout de
suite : le troisième opus de l’auteur à succès ne marquera pas fortement
les esprits.
Pourtant, tout
avait bien commencé avec cet art consommé d’un maître du genre pour créer un
climat et une situation à la fois dramatique et intrigante propre à saisir le
lecteur par le col et le plonger de force dans ce que l’on pense être un « page
turner ». Et cela fonctionne à vrai dire plutôt bien dans le premier tiers
du roman. Pensez donc : une jeune journaliste, Stephanie Mailer, semble
avoir la preuve que le quadruple meurtre du Maire de la ville d’Orphean, dans
les Hamptons, de son épouse et son fils ainsi qu’une joggeuse qui passait
malencontreusement par-là au mauvais moment, affaire élucidée vingt ans plus
tôt par un duo de jeunes flics pleins de talent, et bien, dis-je, que celui qui
fut considéré comme le meurtrier coupable était en réalité innocent ! De
quoi sonner sérieusement celui devenu Capitaine à la Criminelle d’Etat à la
veille de son départ anticipé à la retraite ainsi que son acolyte qui a, depuis
sans que l’on en sache la raison, demandé sa mutation aux affaires
administratives où il végète. Dès lors, voici un duo qui se reconstitue bien
décidé à rouvrir l’enquête et y apporter une réponse sans la moindre ambiguïté.
Il y va de leur honneur !
Mais, à force de
vouloir multiplier les coups de théâtre, les fausses pistes, les petites
confessions et les coïncidences, Joël Dicker (qui semble décidé à commettre un
gros pavé) finit par accoucher d’une histoire manquant de vraisemblance et dont
le lecteur se désintéresse peu à peu. Quand, en outre, la fin se présente sous
la forme de happy end doucereuse à l’américaine, on se dit que l’auteur, lui
aussi, a dû finir par se débarrasser d’une histoire devenue quelque peu
encombrante et maladroite.
Sans être
mauvais, le roman est simplement juste moyen, trop long et très loin de la
surprenante et inégalée, depuis, qualité du premier livre de l’auteur. Dommage !
Publié aux
Editions Fallois – 2018 – 635 pages