En exergue, une citation de John Lennon en 1966 que
voici : « Le christianisme s’en
ira. Il s’amenuisera et s’effacera. Je n’ai pas besoin de débattre de cela.
J’ai raison et l’avenir le prouvera. Aujourd’hui, nous sommes plus populaires
que Jésus. J’ignore ce qui disparaîtra en premier, le rock’n’roll ou le christianisme. »
Faisant de cette citation un brin loufoque un prétexte,
Louis-Henri De La Rochefoucault prend sa plus belle plume pour réaliser un
roman totalement baroque, déjanté et à mourir de rire. L’homme étant par
ailleurs critique littéraire et critique musical spécialisé dans le rock, le
folk et la pop, c’est à un objet inhabituel qu’il s’attelle sous forme de livre
conçu comme une pochette de disque vinyle accompagné de ses line notes.
Monsieur De La Rochefoucault a des lettres (pas seulement de
noblesse) et de la culture. C’est une véritable encyclopédie vivante du
rock’n’roll qui connaît jusque sur le bout des doigts les albums et les groupes
les plus obscurs ainsi que la genèse de leurs auteurs. Imaginant un personnage
qui doit lui ressembler d’assez près (de noble et illustre lignée comme lui,
critique musical comme lui, compositeur et instrumentiste peu reconnu
jusqu’ici), il se lance dans un roman dont le prétexte en filigranes très fins
est de sauver le christianisme par le rock’n’roll, histoire de faire mentir le
bon John.
Autant d’occasions pour donner la parole à de vraies
personnalités du petit monde parisien de la nuit et/ou de la musique
électrique/électronique, recyclant pour cela des passages de véritables
interviews qu’il eut l’occasion de réaliser pour la revue Technikart à laquelle
il collabore. Et là, croyez-moi, il y a matière à déployer l’immense talent
dont recèle notre ami. Usant d’une langue aussi magnifique qu’imagée et trempée
dans le fiel, notre homme dégomme à tout va. A bas les artifices, hardi sur les
manœuvres d’artistes plus préoccupés à amasser de petites fortunes qu’autre
chose, l’hallali est sonné toutes trompes dehors sur toute cette cohorte de
chanteurs sans voix dont on ne comprend d’ailleurs pas le succès si ce n’est du
fait de l’abattage marketing dont ils font l’objet.
Et le Christ dans tout cela, me direz-vous ? Soyez sans
crainte, il va même parler directement à son nouveau bon samaritain lui
confiant une mission évangélique musicale et lui mettant sur son chemin une
improbable bonne sœur au profil gothique. Déjanté et incroyablement drôle.
Osons affirmer que nous tenons là un portraitiste digne descendant de Bossuet.
Et à l’envoi, il touche !
Publié aux Editions Stock – 2019 – 284 pages