Quel rapport peut-il bien
exister entre une minuscule tortue de Floride et un auteur inconnu du XIXème
siècle du nom de Louis-Constantin Novat ? C’est sur cette question pour le
moins inattendue que le romancier fantaisiste Eric Chevillard va élaborer un
récit d’un surréalisme qui n’ira que croissant.
Lorsqu’il rentre de
vacances d’été, le narrateur retrouve dans son appartement parisien la petite
tortue qu’il eut la faiblesse d’acheter un jour sur les quais de la Mégisserie.
Malgré l’ingénieux – mais fort douteux – système imaginé par son propriétaire,
le gentil reptile manifestera son médiocre état en laissant sa carapace se
faire traverser par la simple pression du pouce du propriétaire venu s’en
saisir en douceur. Une manifestation qui traduit un état de déshydratation
absolu engendrant bientôt la mort de l’animal peu encombrant.
Par une suite de
cocasseries improbables, de l’explosion de la tortue nous voici lancé sur les
traces d’un écrivain jamais publié dont le narrateur entreprend de s’approprier
les textes à des fins multiples telles que minable stratégie amoureuse (alors
que la belle manifestait un désir marqué de voir ses ardeurs comblées),
publication sous son nom propre et pourrissement d’un éminent concurrent prêt à
confisquer un sujet à son non moins éminent spécialiste à la déontologie
inconséquente.
Quel rapport me
direz-vous ? Soyez patients et acceptez alors de subir les formules
unitairement drolatiques qu’aligne à la pelle un auteur qui ne manque ni
d’imagination ni de talent littéraire. La réponse parviendra – en queue de
poisson, pardon de tortue – à la toute fin d’un livre dont la construction
pourra réjouir les uns ou lasser –beaucoup – d’autres.
Après avoir souri de
l’auto-dérision d’un narrateur aussi minable que peu sympathique, nous avons
vite fini par compter fébrilement le nombre de pages restant à se coltiner
avant d’épuiser les dédales d’une farce assez pénible.
Publié aux Editions de
Minuit – 2019 – 255 pages