Trouver sa voie, quand on est une puissance moyenne sur le
déclin, face à une grande puissance, en pleine ascension, aux ambitions
tentaculaires et au pouvoir central fort est un exercice dont on connaît
d’avance le gagnant et le perdant.
Antoine Izambard, dans un ouvrage très documenté et
détaillé, passe en revue les multiples domaines où une guerre larvée,
constante, âpre, se livre entre une Chine à l’affût de toute opportunité et une
France dont la technologie et le savoir-faire scientifique intéressent au plus
haut point l’industrie et le pouvoir chinois. Pour structurer ce plan de
bataille chinois multi-facettes, le pouvoir a mis au point son projet des
« Nouvelles Routes de la Soie ». Un programme doté de plus de 1000
Milliards de dollar d’investissements d’ici à 2050 et qui vise ni plus ni moins
qu’à prendre le contrôle le plus absolu possible des ports, des aéroports, des
lignes ferroviaires, des mines, des technologies permettant d’assurer autonomie
et prédominance à l’Empire du Milieu.
Un programme qui s’appuie sur un espionnage industriel
intense, des déstabilisations économiques et politiques indirectes, le rachat
rampant, presqu’invisible, d’acteurs essentiels des chaînes de sous-traitance
dans le domaine de l’énergie et de la technologie. Un programme qui a fait de
l’Afrique son terrain de prédilection échangeant le contrôle des matières
premières contre des prêts asservissant totalement des pays qui commencent à se
rendre compte du piège qui se referme sur eux. Un programme qui joue de la
naïveté européenne qui, au nom du libre commerce et du libéralisme, a laissé la
Chine imposer ses règles du jeu sans contrepartie et embarquer des petites
puissances satellites dans des actions induisant une dépendance grandissante
envers la Chine et un séparatisme qui tait de moins en moins son nom. Un
programme où la puissance militaire, en particulier navale qui est aujourd’hui
le maillon faible du dispositif, finira de faire de cet immense pays une menace
de plus en plus grande sur le reste du monde.
La France fait ce qu’elle peut mais a souvent baissé les
armes face à l’ampleur du phénomène. Elle tente de limiter la casse. Seule,
elle ne peut pas grand-chose. La réaction nécessite une coordination européenne
urgente et déterminée et une alliance, quoi que l’on puisse penser de Trump,
avec une Amérique qui, elle, a décidé de frapper fort et qui en a les moyens.
Sans alliance, nous serons les inévitables victimes collatérales…
Publié aux Editions Stock – 2019 – 251 pages