Oscar Coop-Phane emprunte à la longue tradition des contes
philosophiques pour nous interpeler sur la question de l’ostracisme et des
victimes expiatoires, désignées très/trop rapidement lorsqu’il s’agit de trouver
à tout prix une explication à une situation plus ou moins insupportable.
Dans un petit village aussi anonyme qu’universel, la paix
règne. Les paysans sont aux champs. Une jeune femme a laissé son nouveau-né
endormi au creux de son berceau douillet, en plein air. Un cochon, habitué à
vivre seul, en pleine nature, vient à passer par-là. Reniflant le bébé, il est
attiré par la bonne odeur de lait et de peau fraîche dans laquelle il commence
alors à croquer à pleines dents. Le bébé en mourra.
Vite capturé et protégé de la vindicte populaire par la
maréchaussée chargée de l’enquête, il est amené en prison et enfermé avec les
pires détenus dans l’attente de son procès. Refusant – et pour cause – de
répondre à la moindre question, un avocat lui est commis d’office pour le
défendre. S’en suivra un simulacre de procès afin de sauver les apparences
avant que de le livrer aux mains du bourreau qui lui fera subir un supplice
moyenâgeux, organisant une épouvantable agonie propre à satisfaire les bas
instincts de la foule venue en nombre assister au spectacle.
Remplacez le cochon par qui vous voulez (la liste serait
longue…) et vous aurez la représentation triste et sordide, derrière les
apparences de théâtre cocasse de ce court roman, d’une inextinguible litanie
des pires horreurs humaines…
Publié aux Éditions Grasset – 2019 – 125 pages