Il est des lectures comme les plaisirs :
elles sont variées. « Départs anticipés » est un roman absolument
truculent, délicieusement jouissif, idéal pour chasser un petit coup de blues
au cas où.
Christopher Buckley, auteur à succès américain
et dont le roman « Salles fumeurs » fut porté à l’écran sous le titre
« Thank you for smoking » nous entraine dans une Amérique qui
ressemble furieusement à celle qui nous attend dans très peu d’années, une fois
la crise majeure actuelle stabilisée. Il faut dire que le livre fut publié en
2007, en pleine préparation de la bataille présidentielle américaine.
L’Amérique en question est en pleine crise.
L’inflation y est galopante, les banques en mal de liquidités, le dollar en
chute libre, les finances étatiques asséchées. Et surtout, la génération des
papy boomers, ceux qui prennent leur retraite à soixante deux ans pour passer
de longues années à se la couler douce sur des greens de golf, a mis cul par
dessus tête les finances de la sécurité sociale. Pour y faire face, le
gouvernement désemparé n’a pas trouvé mieux que de taxer tous les revenus des
trentenaires à trente pour cent.
A partir de cette idée sans doute proche de ce
qui nous attend, C. Buckley s’en donne à cœur joie et brocarde brillamment le
monde politique, les lobbies, l’Eglise et une société états-unienne dont on ne
cessera de dire qu’elle est en crise majeure.
Nous allons suivre avec bonheur les aventures
de Cassandra Devine, trentenaire brillante et exaltée, experte en
communication, brouillée avec un père odieux et milliardaire. Cass va avoir
l’idée de génie de proposer une solution radicale au problème générationnel
sous le doux euphémisme de « Transition volontaire ». Contre
l’engagement des papy boomers de se suicider à soixante dix ans, de multiples
avantages fiscaux seront acquis aux générations héritantes. A l’aide des
technologie de l’Internet, l’idée séduit comme une traînée de poudre la
génération des moins de trente ans et propulse Cass au-devant de la scène
médiatique.
C’est sans compter sur le monde politique et
en particulier, Jepperson un jeune Sénateur aristocrate et protestant, qui a
connu Cassandra au moment où, enrôlée dans la Navy, elle servit de RP en Bosnie
dans des conditions rocambolesques et hilarantes. Celui-ci détournera à son
profit l’idée pour se positionner dans la lutte pour le pouvoir suprême.
Sur fond d’intrigues politiques et de
batailles pour les préliminaires présidentielles, C. Buckley nous fait
découvrir l’envers du décor nauséabond du pouvoir, ses manipulations, ses
mensonges, ses retournements de veste incessants. C’est un thriller redoutablement
mené et d’un humour décapant permanent qui nous est de ce fait proposé. Les
grands et les puissants en ressortent peu reluisants, mais est-ce vraiment une
découverte ?
On en redemande tellement on a adoré !
Publié aux Editions Bakerstreet – 441 pages