On avait quitté le premier volume de la trilogie sur une
révolution au cœur du silo 18, laissée à un tournant clé. Qui des forces de
l’Ordre en train de pénétrer dans la salle des machines ou du peuple révolté et
placé sous la conduite de Juliette allait finir par l’emporter ?
Hugh Howey, en excellent scénariste, se garde bien de nous
apporter une réponse dans ce deuxième tome, laissant le suspense planer
probablement jusqu’au troisième et ultime volume de la saga.
Bien au contraire et comme l’indique le sous-titre de
l’opus, c’est aux origines de ces silos qu’il nous conduit, du moins au cours
de la première partie de cet épais et palpitant récit.
La question des raisons qui avaient conduit les humains à
déserter l’air libre de la planète terre pour se réfugier, en petit nombre
contingenté, dans une série de silos enterrés sous terre avait été laissée
volontairement de côté lors du premier volume. Elle nous sera ici dévoilée en
détail avant que l’auteur ne fasse évoluer très habilement son récit, dans les
deuxième et troisième parties de ce volume, tout au long des trois siècles qui
vont suivre le cataclysme originel.
Trois siècles où les luttes intestines, propres aux humains,
les folies individuelles et les hystéries collectives font que la population
mondiale, ou ce qu’il en reste, se raréfie. Trois siècles où, alors que les
petits sans qualifications particulières ou indispensables vivent et meurent,
de mort naturelle ou violente, parfois déclenchée volontairement,
collectivement et à distance comme nous le découvrirons, les hommes de pouvoir
enchaînent les périodes d’éveil – dites de faction – et les longues périodes de
sommeil par cryogénisation.
Avec un art consommé, Hugh Howey nous amène à découvrir les
enjeux souterrains (c’est le cas de le dire) de ces silos, la vision folle de
celui qui les a voulus et qui a créé les conditions pour que son objectif soit
atteint, les prises de conscience de l’infime minorité qui, par opiniâtreté et
par refus d’une vie qui devient peu à peu un non-sens, tente tout, au risque
d’y laisser sa vie, pour retrouver une liberté à jamais confisquée parce que
confinée, encadrée, monitorée et régulée par la peur et les interdits.
Page après page, nous en découvrons de plus en plus et
finissons par retrouver les personnages principaux, laissés dans le Tome I,
décidés à en découdre avec ceux du Silo I que nous aurons suivis presque
constamment dans le tome II pour une confrontation qui devrait nous permettre
de répondre à la question qui se profile de plus en plus clairement tout au
long de ces premières onze cent pages et quelques : une vie est-elle
encore possible ailleurs que dans les silos ?
Vite, vite, que je me précipite sur le Tome III.
Si vous n’avez pas encore succombé à ce best-seller mondial,
vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Publié aux Editions Actes Sud – 2014 – 565 pages