9.7.16

La femme sur l’escalier – Bernhard Schlink


S’inspirant d’un tableau de Gerard Richter, Bernhard Schlink élabore un roman dans lequel le tableau d’une femme descendant un escalier devient un prétexte dans un jeu complexe et pervers entre trois hommes et une femme.

Au centre, celle qui descend l’escalier, dans une attitude et un regard qui permet à chacun d’interpréter la toile à sa façon selon qu’il désire y voir la soumission d’une femme au pouvoir de l’homme ou le jeu d’une séduction assumée d’une femme tenant un homme sous son pouvoir.

Quant au trio masculin, il est directement lié à cette créature énigmatique. S’y trouve le mari de la femme, un riche industriel allemand également commanditaire et propriétaire du tableau ; le peintre qui, outre le fait d’avoir réalisé l’œuvre, n’en a pas moins profité pour subtiliser l’épouse pour en faire sa compagne et sa maîtresse ; enfin, un jeune avocat, chargé d’élaborer un contrat aussi inhabituel qu’étrange pour régler les conflits de pouvoir, les rancunes et les coups bas entre les deux hommes qui se disputent celle qui descend l’escalier.

Après avoir disparu dans des conditions rocambolesques, le tableau réapparaîtra de nombreuses années plus tard dans le musée d’art de Sidney en Australie, terre où celle qui a tenu en ses rets et à sa façon les trois hommes a choisi de s’établir pour y finir sa vie.

Commence alors une ultime partie entre les quatre protagonistes, des décennies après les faits. Une partie pour reconnaître ses échecs, accepter ou pardonner, tenter de comprendre, redessiner à sa façon le passé, le présent ou le futur, gratter ce qui se dissimule sous la surface des apparences dans un huis clos que les conditions climatiques vont finir par transformer en une sorte d’enfer.

En maître de la progression de la tension dramatique, Bernhard Schlink explore les infinis rouages de l’amour, de la perversité, de la manipulation, de la vieillesse et des luttes de pouvoir qu’il soit artistique, politique, financier ou simplement sentimental et psychologique.

Du coup, c’est ce foisonnement qui fait aussi la limite d’un roman tentaculaire, dense dont bien des circonstances, très improbables, finissent par en affaiblir le propos. L’écriture étant en outre assez quelconque, on trouvera là plus un assez bon roman d’été qu’un roman coup de cœur et indispensable.


Publié aux Editions Du monde entier – Gallimard – 2016 – 255 pages