Voici venu le temps de
mettre un terme à la trilogie romanesque de Marc Dugain dans laquelle il
décortique, sans concession, les combinaisons infinies et nauséabondes dans
lesquelles se complaisent d’ambitieux hommes politiques, des hommes d’affaires
cupides et des services secrets manœuvrant leur monde tout en tenant un dossier
sur chacun.
Le beau pays qui
accueille cette sympathique intelligentsia n’est autre que la France et, comme
depuis le premier volume d’ailleurs, il ne sera pas très difficile de mettre un
nom réel derrière la plupart des protagonistes clairement inspirés de notre
histoire politique nationale récente…
Désormais, les
institutions arrivées à bout de souffle, l’extrême droite menaçant de plus en
plus de s’emparer du pouvoir, le temps est venu pour l’historien et romancier
d’imaginer le coup d’état constitutionnel qu’est la mise en place par voie
référendaire de la VIème République par celui qui vient d’être fraîchement élu
Président de la Vème. Une façon aussi de couper l’herbe sous le pied de son
ennemi personnel dont il a fait un Ministre d’Etat pour mieux le tenir à l’œil.
Marc Dugain met en scène
dans cet ultime volet l’ensemble des personnages qui n’avaient pas encore
disparu, victimes d’assassinats politiques déguisés sous des affaires
criminelles. Il nous montre à nouveau en quoi l’ambition personnelle, l’amour
des combinaisons, la pratique des coups-fourrés, la mégalomanie, la cupidité
s’entremêlent, à des degrés divers, pour pousser des hommes et des femmes que
seul l’accaparement du pouvoir politique, économique ou financier guide, au
mépris d’un intérêt général qui n’est plus, depuis belle lurette, qu’une
marionnette morte qu’on agite de manière bien pratique pour détourner
l’attention ou proférer un lot de contre-vérités d’autant plus admissibles
qu’elles sont grosses.
Malheureusement, et comme
depuis le premier tome de la série, jamais nous n’avons été convaincus par
cette incursion de l’auteur derrière le rideau secret de ce petit monde. Non
parce que nous ne croyons pas à ce qu’il nous raconte (bien au contraire
même…), mais simplement parce que le style d’habitude lyrique et travaillé de
celui qui fut l’auteur de « La Chambre des Officiers » entre autres
sombre ici dans une pauvreté et une facilité qui fait sans cesse penser à un
roman de gare vite et mal écrit. D’autant que le dénouement de cette série de
meurtres politiques manque quelque peu de crédibilité et que bien des ficelles
pour y parvenir paraissent un peu grosses.
Bref, l’intention louable
de dénoncer et d’alerter se trouve appauvrie par un propos faible et indigne de
l’auteur. Un ratage de bout en bout.
Publié aux Editions
Gallimard – 2016 – 272 pages