25.1.08

Magnus – Sylvie Germain

Magnus est un roman dont il a été beaucoup questions lors de la rentrée littéraire de 2006 et qui fut en lice pour certains des prix qui comptent. Il n’en gagna finalement aucun, si ce n’est l’honorifique Goncourt des Lycéens.

Finalement, ce n’est probablement que justice car, sans pouvoir dire que Magnus est un mauvais livre, ce n’est certainement pas un excellent roman. Tout juste, un roman moyen.

C’est Sylvie Germain qui résume elle-même le mieux le thème de l’ouvrage : « Magnus a vingt ans (mais quand est-il né, précisément, et où ?), et un quart de son âge est dissous dans l’oubli, tout le reste souillé par une longue imposture. Il a vingt ans, et il est un inconnu à lui-même, un jeune homme anonyme surchargé de mémoire à laquelle cependant il manque l’essentiel – la souche. Un jeune homme fou de mémoire et d’oubli, et qui jongle avec ses incertitudes à travers plusieurs langues, dont aucune, peut-être, n’est sa langue maternelle. » (Fragment 13 – page 120).

On l’a compris, c’est de la recherche de son identité qu’il est ici question. Celle d’une enfant qui a perdu tout souvenir et toute parole à l’occasion du bombardement de Hambourg où nous finirons par comprendre que ses parents ont sans doute trouvé la mort. Peu à peu, il va découvrir qui furent vraiment ses parents adoptifs, en particulier son père, criminel de guerre nazi.

Sa quête personnelle de construction se soldera par un échec et entraînera la disparition des femmes qu’il aura vraiment aimées. Sans doute y aura-t-il cependant trouvé une partie des réponses à qui il est vraiment car il n’est point besoin de savoir son nom, de connaître ses parents pour savoir qui nous sommes. C’est à cette quête intime et personnelle que nous convie l’auteur.

On l’a sent cependant en retrait de son sujet. A aucun moment Magnus ne nous émeut. L’analyse reste froide et distante, sans affection, sans véritable douleur.

La succession des notules et des fragments (pour dire que la vérité sur qui est Magnus ne peut être que fragmentaire), l’inclusion de citations poétiques plaquées n’aide pas à humaniser ce roman auquel il manque un souffle de vie, de l’allant et du naturel.

C’est bien écrit, sans plus, bien construit, certes, mais froid.

Vous trouverez bien d’autres recommandations de lecture ô combien exaltantes sur Cetalir…

Publié aux Editions Albin Michel – 276 pages

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour je suis une lycéenne qui vient de lire "Magnus" de son propre chef. Je suis partiellement d'accord avec vous ; l'auteur reste en effet très éloignée de son personnage mais nous décrit sa douleur d'une manière objuctive et cette douleur est si compréhensible qu'on ne peut qu'y être sensible. il n'y a pas de grand passage d'affliction sur le sort du héros, mais on sent néanmons dans tout le livre l'omniprésence de sa souffrance, quoique quelques relations humaine parviennent à les occulter. Je trouve au contraire impressionnant de la part de l'écrivain de ne pas basculer dans le pathétique en écrivant une histoire avec un fond pareil. Voila, c'était l'opinion d'une ado !!

Thierry Collet a dit…

Merci, chère anonyme, pour votre message qui apporte un témoignage complémentaire. Lire est avant tout affaire d'émotions et les partager en invitant à en faire de même est ce qui dicte Cetalir depuis sa création. Merci donc pour avoir pris le temps de rédiger votre post.

J'espère que vous aurez trouvé bien d'autres recommandations de lecture qui nous ont paru d'un intérêt bien plus grand que Magnus qui nous avait laissé largement sur notre faim.

Bien cordialement,

zinab a dit…

Bonjour je suis étudiante et je trouve que vous avez en partis raison sur le fait que les sentiments douloureux que l auteur essai de nous faire ressentir sont très éloignés. Cependant,il n en demeure pas moins que ce livre est pour moi différent des autres car nous avons l habitude que les histoires écrites sur la guerre sont écrites par des personnes qui on souffert de la guerre; les juifs. Tandis que Magnus est un livre pour moi a tout point de vue ou l on ressent les peurs des juifs mais aussi des nazis. Ne croyait pas que je suis pour l état nazi au contraire mais le faite que le début du livre soit consacré par la réussite des allemand et puis reprise par la victoire de Magnus qui est en faite un juif reflète bien tout ce qui s est passé pour les juifs de la guerre a aujourd'hui ...Cela passerait pour un très beau film. Merci de prendre le temps de me lire et de me comprendre.

Thierry Collet a dit…

Merci Zinab pour votre commentaire. Il est toujours intéressant et fascinant de voir comment la lecture d'un même livre peut engendrer des perceptions différentes selon son âge, sa sensibilité, son histoire personnelle.

Votre témoignage part d'un point de vue parfaitement respectable et auquel j'avoue ne pas avoir pensé en lisant, puis commentant, ce roman.

Merci donc pour avoir pris le temps de le rédiger. Et n'hésite pas à parcourir Cetalir qui regorge de suggestions de lectures qui vous donneront à coup sûr de grands moments de bonheur.

Bien cordialement

Nico a dit…

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié, mais cela n'empêche pas votre critique d'être très intéressante.

Anonyme a dit…

J'ai trouvé le livre intéressant mais je n'ai pas été charmé. Comme vous dites, l'écriture de Sylvie Germain n'est pas extraordinaire. Dans l'ensemble je me suis ennuyé mais quelques idées sont intéressantes.