25.11.20

Dans la forêt – Edna O’Brien

 

 C’est en s’inspirant d’un fait divers survenu en 1994 dans le Comté de Galway en Irlande que la grande romancière Edna O’Brien écrivit son roman « Dans la forêt ».

 

Dans une petite ville irlandaise quelconque, la vie suit son cours tranquillement. Les agriculteurs s’occupent de leurs champs, les commerçants de leurs affaires et les hommes se retrouvent régulièrement au pub pour y faire ce qu’on y fait depuis des générations : boire et discuter, en échangeant les derniers ragots locaux. Une vie sans particularisme, du moins jusqu’au retour de l’enfant terrible, celui qui, à l’âge de dix ans, avait été nommé le Kinderschreck (l’enfant terrifiant) par un Allemand à qui il avait volé son fusil. Un môme ayant commis divers délits, de plus en plus graves, lui ayant valu maisons de correction et internement en asile psychiatrique.

 

Revenu au pays, O’Kane s’apprête à bouleverser de fond en comble la quiétude de cette bourgade campagnarde. Car le Kinderschreck n’est gouverné que par ses voix intérieures. Des voix qui s’expriment à tout bout de champ pour lui dicter ses comportements et ses actes. Des voix qui focalisent son attention psychotique sur Elly Ryan, la belle jeune femme, mère célibataire d’un jeune garçon, venue s’installer au village pour tenir le poste d’institutrice. Des voix qui vont le pousser à commettre des crimes de plus en plus odieux, sacrilèges et insensés, faisant de la forêt du Comté un lieu de malheur et de terreur pour fort longtemps.

 

Edna O’Brien se glisse avec maestria à l’intérieur de l’esprit d’un homme ravagé et que son enfance malheureuse accompagnée des multiples sévices imposés a brisé, finissant par en faire un monstre. On suit avec effroi les impossibles dialogues qui zèbrent ce cerveau perturbé, incapable de discerner la réalité de son monde intérieur. En parallèle, elle sait rendre compte avec un réalisme saisissant de la psychose collective qui s’empare de la population locale de plus en plus terrorisée et lâche au fur et à mesure que la folie et les menaces d’une occurrence probable se déchaînent sur leurs têtes.

 

On sort, comme souvent avec cette auteur, éprouvé et admiratif après la lecture d’un grand roman en forme de coup de poing à l’estomac.

 

Publié aux Éditions Sabine Wespieser – 2017 – 351 pages

20.11.20

La Russie de Poutine en 100 questions – Tatiana Kastonéva-Jean

 


En tant que Directrice du département pour la Russie à l’Ifri, passant sa vie entre deux cultures et deux pays, Tatiana Kastonéva-Jean est particulièrement appropriée pour apporter sa contribution avisée à la collection « en 100 questions » éditée par Texto.

 

Voici désormais plus de vingt ans que Poutine, désigné par Boris Eltsine comme son successeur, s’est emparé du pouvoir en Russie. Depuis son avènement, beaucoup de choses ont changé dans son pays et certaines persistent comme une forme d’héritage insidieux de l’époque soviétique.

 

En cent chapitres courts de trois pages en moyenne, Tatiana Kastonéva-Jean expose son analyse de questions essentielles, basée sur la connaissance détaillée qu’elle a du pays, du contexte, des décideurs politiques et économiques qu’elle côtoie régulièrement. Un tableau où l’on comprend que la Russie de Poutine est traversée par certaines constantes majeures. Celle de vouloir retrouver la grandeur de la Grande Russie tsariste, affirmée par une puissance militaire et un ensemble de vassaux qui lui sont plus ou moins inféodés. Celle d’un nationalisme exacerbé par la fierté d’avoir vaincu l’Allemagne nazie au prix de 40 millions de morts et par le sentiment furieux de ne pas en avoir été reconnue à sa juste valeur par l’Occident. Du coup, le pouvoir a beau jeu d’attiser ces frustrations en faisant de l’Occident l’ennemi juré craignant par-dessus tout que celui-ci encourage les révolutions de couleur à ses frontières et renforce la présence des forces de l’OTAN. Celle d’un pays dont l’économie reste très dépendante du pétrole et du gaz vendus principalement encore à l’Union Européenne et où les liens entre puissance économique et politique sont aussi secrets qu’étroits, Poutine n’hésitant pas à frapper tous ceux qui auraient la velléité de s’écarter d’une ligne qu’il a lui-même fixée. Celle encore d’un pays globalement encore incapable, hormis dans quelques rares domaines comme le spatial ou le cyber, de se poser comme un acteur majeur de l’économie mondiale faute de talents qui fuient encore massivement à l’étranger. Celle aussi où une population vit largement encore dans la nostalgie de l’État Providence fournissant tout gratuitement en contrepartie d’un renoncement à la plupart des libertés, d’où une admiration pour un pouvoir fort même au prix des innombrables caricatures de démocratie qu’il peut offrir.

 

Malgré cela, de nombreuses menaces pèsent sur le pouvoir en place. La crise sanitaire qui a fortement fragilisé les classes populaires, l’incapacité à former et retenir des élites, une démographie en berne entraînant un vieillissement rapide de la population, la vassalité conditionnelle de la plupart des ex-républiques soviétiques qui n’entendent pas s’aligner purement et simplement sur les positions de Poutine. L’absence de réelle démocratie, les luttes permanentes entre oligarques allant jusqu’aux règlements de compte plus ou moins mafieux sont autant d’inconnues empêchant de prédire comment la transition politique s’effectuera et avec quelles conséquences.

 

Voici quelques-unes des questions traitées dans ce passionnant volume.

 

Publié aux Éditions Texto – 2020 – 318 pages  

17.11.20

Tropique de la violence – Natacha Appanah

 

Ces terres situées au bout du monde appartenant à la République française qui en a fait des Départements et Territoires d’Outre-Mer apparaissent pour beaucoup comme des terres de dépaysement garanti et de vacances plus ou moins idylliques. Mais derrière ces images d’Épinal se cache souvent une réalité bien différente : celle d’une violence constante entretenue par un mélange explosif de pauvreté, de chômage, d’exclusion, d’ostracisme et d’immigration illégale en provenance de zones encore plus pauvres.

 

L’île de Mayotte appartient typiquement à cette catégorie. Terre d’accueil paradisiaque avec ses lagons bleus et son soleil de plomb pour de jeunes coopérants venus y tester, avec plus ou moins de succès, leurs belles idées généreuses, elle est aussi ce bout de terre sur lequel s’échouent par dizaines de milliers des hommes et des femmes ayant fui leurs pays, venus des Comores, de Madagascar ou du Mozambique.

 

Pendant que l’intelligentsia et la bourgeoisie locale occupent les beaux quartiers, les pauvres, les exclus et les réfugiés s’entassent par dizaines si ce n’est centaines de milliers dans le bidonville de Gaza. Une zone de non-droit où les bandes rivales s’affrontent pour conquérir ou conserver le pouvoir. Une zone qui obéit à ses propres règles faites de violence, de drogues, de larcins en tous genres et de terreur sous toutes ses formes.

 

En campant cinq personnages principaux dont les vies sont intimement entrecroisées, Natacha Appanah nous invite à découvrir ces divers aspects de la vie à Mayotte. Tous et toutes sont venus là pour trouver ou fuir quelque-chose. Tous y rencontreront la violence et son corollaire, l’hystérie collective quand plus rien n’est possible pour canaliser l’immensité des frustrations et la désespérance qui caractérisent une partie de plus en plus substantielle d’une île dont on se dit qu’elle est décidément assise sur un volcan.

 

Natacha Appanah signe ici l’un de ses meilleurs romans couronné d’ailleurs du Prix Femina des Lycéens et du Prix France Télévisions.

 

Publié aux Éditions Gallimard – 2016 – 175 pages

9.11.20

Dans la fureur du monde – Chris Kraus

 

Plus que dans la plupart des démocraties occidentales, naître pauvre ou au sein d’une minorité est, aux États-Unis, une forme de gage quant à l’assurance d’une vie de déclassé. Or, l’Amérique – et encore plus l’Amérique haineuse, raciste, xénophobe, sexiste de Trump – semble avoir officiellement déclaré la guerre à ses minorités déclassées. Dès lors s’affrontent deux mondes. Celui des élites, relativement insouciantes, aisées, passionnées d’art pour les meilleures d’entre elles et d’enrichissement (pour toutes !) ; celui des laissés pour compte se réfugiant dans l’alcool et la drogue pour oublier l’horreur du quotidien, survivant à peine à coups d’aides sociales faméliques, multipliant les séjours en prison et, avec eux, les dettes car l’Amérique est aussi bien souvent le pays où l’on exige de ses détenus qu’ils remboursent le coût de leur séjour carcéral alors qu’ils ne disposent d’aucun moyen pour ce faire…

 

Voilà donc le propos central de « Dans la fureur du monde », le second roman de la très engagée Chris Kraus qui s’était fait connaître du plus grand nombre par son premier roman « I love Dick ». Un propos soutenu par deux personnages incarnant chacun l’un de ces deux mondes. D’une part, Paul, un garçon intelligent, bosseur mais qui eut le malheur de naître au mauvais endroit. C’est dans l’alcool et le crack qu’il chercha adolescent le refuge pour échapper à une mère folle et à un père absent. Une combinaison qui le conduisit rapidement à commettre des délits, puis des crimes lui valant des séjours de plus en plus longs en prison pour des motifs qui, ailleurs, ne l’auraient jamais justifié. D’autre part, Catt, enseignante dans de prestigieuses universités américaines, mariée à un brillant philosophe, mais aussi promoteur immobilier ayant flairé les bons coups avant l’explosion de la bulle immobilière et des subprimes.

 

Entre eux, ce sera la rencontre improbable et le coup de foudre dévastateur. Derrière Catt se cache la figure de Chris Kraus dont la vie - sentimentale entre autres – mouvementée fut longuement décrite dans son premier roman autobiographique. Derrière Paul, c’est toute l’Amérique méprisée par Trump et beaucoup de ses concitoyens qui avance à peine masquée. L’Amérique triomphante, méprisante, obnubilée par l’argent et une foi quasi moyenâgeuse en forme de trompe-l’œil de sa propre hypocrisie. Une Amérique prête à tout pour détruire ses opposants ou ceux qu’elle considère comme nuisibles. Une Amérique qui a mis au point un système judiciaire où, sans argent, sans moyen, vous êtes assurés de finir broyés, détruits, exclus à jamais.

 

C’est tout cela que dénonce avec vigueur Chris Kraus dans un nouveau roman magistral et puissant, un cri contre ce qu’est devenu son pays, une dénonciation d’un système totalitaire qui ne dit pas son nom.

 

Publié aux Éditions Flammarion – 2019 – 295 pages

 

 

7.11.20

L’ami – Sigrid Nunez

 

Attention livre foutraque mais diablement intelligent ! Un roman d’ailleurs fort justement récompensé par le Prix Pulitzer 2018.

Que feriez-vous si, après le suicide votre meilleur ami, écrivain adulé et avec lequel vous avez entretenu une solide relation amicale fortement teintée de sentiments amoureux, il vous avait laissé en héritage un gros chien ? Qu’en outre, l’appartement new-yorkais où vous logez est trop petit pour y vivre avec un gentil mastodonte du genre grand Danois et que le règlement de l’immeuble y interdit toute présence canine ? Après un court moment d’hésitation, celle qui est aussi professeur d’écriture à l’université et femme de lettres elle-même, accepte de recueillir l’animal à titre… temporaire. Tiens donc !

À peine installé, celui que son précédent maître a appelé Apollon ne va pas manquer d’occuper une place de plus en plus envahissante. Une présence qui risque d’aliéner à l’occupante des lieux son propriétaire et lui coûter une expulsion. Peu importe quand on a l’amitié fidèle et tenace, au-delà de la mort !

Sur ce canevas, Sigrid Nunez élabore un roman jouissif où s’entremêlent des thèmes aussi variés que la relation entre humains et animaux de compagnie, la psychanalyse, le sens et le rôle de l’écriture, l’ambiguïté des relations homme-femme, les conventions et les usages. Un roman toujours parfaitement maîtrisé où brillent de gigantesques figures intellectuelles (Wittgenstein, Beckett, Kundera, Barthes etc…) sans cesse appelés à la rescousse pour tenter de maîtriser ou d’éclairer des situations de plus en plus rocambolesques.

Et pour conclure cette brillante réalisation enchanteresse, une fin en coup de théâtre qui nous interpelle une ultime fois sur la place de la fiction. Un formidable bouquin !

Publié aux Editions Stock – Les Cosmopolites – 2019 – 270 pages

5.11.20

Bénie soit Sixtine – Maylis Adhémar

 

Bienvenu chez les cathos tradi, entendez par-là les intégristes purs et durs. Pour ce premier roman, la journaliste indépendante toulousaine Maylis Adhémar s’est inspirée de sa propre expérience et de son histoire personnelle.

 

Cela ne plaisante pas du côté des intégristes. L’existence entière y est réglée par la religion dont les dogmes, les rites, les obligations pèsent sur chaque moment de la journée et tout simplement de la vie. Prières à réciter par cœur à heures fixes, chapelets à égrener, messes obligatoires et confessions fréquentes forment les piliers d’une foi rigoureuse. Une foi qui impose aux filles des tenues dissimulant toute féminité et aux garçons le port du costume-cravate. Une foi qui envoie les jeunes dans des camps où leur sont inculquées les bonnes manières traditionnelles histoire de les formater au plus vite.

 

Un monde qui cultive l’entre-soi. On s’y marie entre familles de « croisés » adoubés par les confréries religieuses où certains membres se sont d’ailleurs volontairement reclus. Les hommes y sortent des meilleures écoles tandis que les filles et futures épouses ne sont là que pour pouliner en donnant à leurs maris dévotion, admiration et quantité d’enfants histoire d’alimenter la future armée de croisés.

 

Car, la grande affaire des jeunes chefs de famille est de bouter hors de France tout ce qui la menace : étrangers (surtout s’ils sont musulmans), gauchistes, contestataires en n’hésitant pas à faire le coup de force, encouragés en cela par des confréries religieuses prônant l’intolérance et auxquelles on jure allégeance. Bref, une horde de jeunes mâles sûrs d’eux formant les rangs d’une extrême-droite carrément fasciste.

 

Un univers que rejoint, naïve, Sixtine une jeune femme issue de l’une de ces familles tradi en épousant Louis Sue de la Garde, un jeune polytechnicien sûr de lui et bien décidé à faire triompher ses valeurs. Derrière ce mariage grandiose dans la grande bourgeoisie nantaise se cachent en réalité la misère sexuelle, la transformation d’une épouse en esclave de son mari, et, bien vite, une grossesse douloureuse. Une expérience qui aurait dû être le prélude de nouveaux épisodes et qui prendra un tout autre chemin après la survenue d’un drame rebattant totalement les cartes.

 

Commence alors pour Sixtine la prise de conscience progressive de la relativité de ses croyances, le côté sectaire et dangereux du monde dans lequel elle se trouvait plongée, la réalité sur les actes de son mari et, enfin, la vérité sur sa propre famille. Et avec ces révélations, la découverte d’un monde aux antipodes de celui de sa provenance, celui des squats, des gauchistes libertaires, du monde populaire où solidarité et entraide forment la base pour faire face à l’adversité.

 

On pourra voir en ce roman une chronique sociale de deux univers que tout oppose enchâssée dans une histoire dont on ressent bien combien elle fait écho à celle, personnelle, de l’auteur. Certes. On pourra aussi y voir une première partie faite de poncifs, accumulant les formules convenues, manquant totalement d’originalité, distillant un ennui profond donnant envie d’abandonner la lecture. Ce n’est qu’après la survenue du drame (dont nous ne dirons rien) que le roman commence à trouver un peu plus son envol. Un envol tout relatif tant la méconnaissance des règles régimentant les successions rend la narration peu crédible. Bref, une copie décevante au total…

 

Publié aux Éditions Julliard – 2020 – 304 pages

1.11.20

Les petits de Décembre – Kaouther Adimi

 


La lauréate du Prix Renaudot des lycéens et du Prix du Style 2017 avec « Nos richesses » revient sur la scène littéraire avec un quatrième roman en forme de conte.

 

Dans la cité du 11 Décembre 1960 (date commémorative des grandes manifestations pour l’indépendance de l’Algérie) vivent en toute tranquillité des familles de militaires désormais à la retraite. Depuis toujours, un terrain vague trône au milieu de ces immeubles et sert de terrain de jeu et de stade de foot aux enfants de la cité. Une situation qui convient à tout le monde et offre un peu de rêve et d’évasion aux gamins qui manquent de réelles perspectives.

 

Cependant, débarquent un jour d’une voiture noire blindée, typique des gens de pouvoir, deux hommes habillés de longs manteaux, affublés de lunettes noires et tenant à la main des plans. Les gamins ont tôt fait de démasquer deux généraux venus s’accaparer le terrain pour y faire construire leurs grosses villas maintenant que leur propre retraite approche.

 

Bien décidés à ne pas se laisser faire, les enfants de la cité, ceux que l’on appellera bientôt les Petits de Décembre, vont chasser les généraux à coups de pierres et ourdir un plan pour occuper le terrain et tenter de s’opposer à ce qui constitue une manifestation supplémentaire d’un abus de pouvoir des nantis et des puissants.

 

Commence alors une guerre d’un genre nouveau pour des militaires plus habitués à faire rendre gorge par la force qu’à lutter contre des égéries de la révolution venues prêter main forte aux enfants bien décidés à résister.

 

A l’aide phrases courtes, simples et claires, Kaouther Adimi nous entraîne au coeur des problèmes qui gangrènent son pays. La corruption omniprésente, les relations personnelles pour faire avancer la moindre de ses causes, le machisme omniprésent, la confiscation des richesses nationales aux mains des puissants, la dictature qui ne dit pas son nom mais qui n’a jamais vraiment cessé depuis l’indépendance. Mais un facteur fait bouger les lignes : l’arrivée des médias sociaux qui permettent d’exposer les abus, de mettre en accusation un système, d’en souligner les limites et les défaillances. Ce sont eux qui ont permis les printemps arabes. Ce sont eux qui vont causer le plus de soucis aux généraux ridiculisés pour parvenir à leurs fins.

 

Ce roman en forme de conte est un roman qui parle aussi indirectement de son auteur. En effet, celle-ci est fille de militaire. Elle a vécu en Algérie jusqu’à l’âge de quatre ans avant de venir avec ses parents en France puis de retourner au pays quelques années plus tard, en 1994, en plein terrorisme islamiste. Francophile convaincue, Kaouther Adimi tente à sa manière de rendre hommage à celles et ceux, petits, anonymes qui tentent de faire bouger les choses dans un pays où beaucoup reste à faire pour promouvoir une véritable démocratie.

 

Publié aux Éditions du Seuil – 2019 – 248 pages