18.6.16

Les évènements – Jean Rolin


Houellebecq avait imaginé la France aux mains d’un pouvoir islamiste modéré mais où la conversion religieuse avait force d’obligation pour espérer exister dans une administration de moins en moins civile. Jean Rolin invente ce qui pourrait être une suite ou un autre scenario catastrophe dans notre pays en proie à de très fortes secousses. Nous voici transportés dans un pays en guerre civile, déchiré entre les milices d’extrême-gauche et d’extrême-droite et en prise avec un parti islamiste aux allures guerrières.

Pour tenter de faire régner un semblant de paix et de conserver des zones de relative sécurité, des casques bleus ont été dépêchés du Ghana et de la Finlande. C’est ce pays où les exécutions sommaires sont devenues courantes et dans lequel les zones de non-droit sont foison que va tenter de traverser un homme qui est aussi le narrateur.

Chargé de remettre un colis à un ami devenu chef d’une milice armée qui tient toute une région, le voici sillonnant des routes défoncées au volant d’une guimbarde qui n’en peut plus avec juste assez de carburant pour se rendre à Clermont-Ferrand. Alors que les fusillades se répètent, que les attaques se succèdent et que les barrages doivent être franchis les uns après les autres en usant de tous les procédés possibles pour y parvenir, le narrateur nous conte ce qu’il observe.

Une narration sans parti-pris, neutre, presqu’aseptique et qui se concentre beaucoup plus sur les bruits et les couleurs d’une nature qui change au gré des saisons que sur les évènements qui modifient sans cesse la carte des pouvoirs et des factions. Une narration où la description des lieux traversés avec force référence à des rues désertées, des zones commerciales dévastées, des immeubles éventrés tourne à une obsession au début amusante mais qui finit par lasser.

Or, c’est bien là la limite de ce roman. Bien écrit, il fait sourire et même rire face à l’absurdité des situations rencontrées et au contraste parfaitement établi entre l’agitation des hommes pour des causes qui restent totalement inconnues et le côté immuable de la nature. Puis, du fait de la distanciation voulue et d’une répétition qui tourne à l’overdose, on finit par se laisser d’autant que le roman s’achève sur ce qui ne ressemble en rien en une fin.


Publié aux Editions POL – 2015 – 193 pages