30.5.15

Ma chère Lise – Vincent Almendros


Avec ce premier roman, Vincent Almendros part à la recherche du sentiment amoureux, en explore les circonvolutions, les pièges, les dangers, les joies et les souffrances. Cela aurait pu être complaisant et guindé. C’est en fait à la fois léger et grave, tendre et naïf, l’auteur prenant un soin malin à diviser son roman en deux parties où le narrateur se confie.

Dans la première partie, nous comprenons que le narrateur est peu à peu tombé amoureux de celle dont il est le professeur particulier. Lui a vingt-cinq ans. Elle en a quinze. Mais, au fond, est-ce d’elle, Lise, dont il s’est énamouré avant que le sentiment ne devienne réciproque ou est-ce d’un ensemble ? Car derrière la belle jeune fille, insouciante, libre, un brin rebelle et prenant peu à peu la mesure de son pouvoir de séduction se cache un milieu social auquel il n’aurait jamais pensé pouvoir avoir accès un jour.

Lui vient des HLM miteux et a passé sa vie auprès de parents à l’horizon aussi terne que leur vie est étroite. Elle est la fille unique et chérie d’un riche industriel connu et d’une femme qui parcourt le monde. Adoubé par les parents qui semblent s’amuser d’une amourette improbable mais à leurs yeux sans conséquence sans doute, il se voit admis dans une propriété de vacances idyllique, découvre les joies de la vie facile, des trajets en grosse cylindrée avec chauffeur, des dîners arrosés de vins capiteux et luxueux, des tables dressées dans les règles de l’art, des voyages au bout du monde dans des lieux protégés et privilégiés.

Et puis, un jour, il rencontrera Camille, l’amie de Lise. A quinze ans aussi, elle semble avoir tout compris du rapport aux hommes, de la façon de les rendre fous, de leur faire perdre la tête au risque de tout perdre par la même. Du coup, dans cette deuxième partie plus courte, le style change du tout au tout. Finie la linéarité d’un récit enchanteur, petit conte de fées moderne. Place à une écriture plus heurtée et chaotique comme les sentiments contradictoires qui s’emparent d’un trio qui part à la dérive et pose les jalons de sa propre turpitude.

Alors, comme l’écrit joliment l’auteur, tout se terminera dans un « enlisement » dont le sens multiple apparaîtra comme autant de variations autour du prénom de celle qui fut sa chère Lise.

Une assez jolie réussite.

Paru aux Editions de Minuit – 2011 – 157 pages