Avec ce premier roman,
Vincent Almendros part à la recherche du sentiment amoureux, en explore les
circonvolutions, les pièges, les dangers, les joies et les souffrances. Cela
aurait pu être complaisant et guindé. C’est en fait à la fois léger et grave,
tendre et naïf, l’auteur prenant un soin malin à diviser son roman en deux
parties où le narrateur se confie.
Dans la première partie,
nous comprenons que le narrateur est peu à peu tombé amoureux de celle dont il
est le professeur particulier. Lui a vingt-cinq ans. Elle en a quinze. Mais, au
fond, est-ce d’elle, Lise, dont il s’est énamouré avant que le sentiment ne
devienne réciproque ou est-ce d’un ensemble ? Car derrière la belle jeune
fille, insouciante, libre, un brin rebelle et prenant peu à peu la mesure de
son pouvoir de séduction se cache un milieu social auquel il n’aurait jamais
pensé pouvoir avoir accès un jour.
Lui vient des HLM miteux
et a passé sa vie auprès de parents à l’horizon aussi terne que leur vie est
étroite. Elle est la fille unique et chérie d’un riche industriel connu et d’une
femme qui parcourt le monde. Adoubé par les parents qui semblent s’amuser d’une
amourette improbable mais à leurs yeux sans conséquence sans doute, il se voit
admis dans une propriété de vacances idyllique, découvre les joies de la vie
facile, des trajets en grosse cylindrée avec chauffeur, des dîners arrosés de
vins capiteux et luxueux, des tables dressées dans les règles de l’art, des
voyages au bout du monde dans des lieux protégés et privilégiés.
Et puis, un jour, il
rencontrera Camille, l’amie de Lise. A quinze ans aussi, elle semble avoir tout
compris du rapport aux hommes, de la façon de les rendre fous, de leur faire
perdre la tête au risque de tout perdre par la même. Du coup, dans cette
deuxième partie plus courte, le style change du tout au tout. Finie la
linéarité d’un récit enchanteur, petit conte de fées moderne. Place à une
écriture plus heurtée et chaotique comme les sentiments contradictoires qui
s’emparent d’un trio qui part à la dérive et pose les jalons de sa propre
turpitude.
Alors, comme l’écrit
joliment l’auteur, tout se terminera dans un « enlisement » dont le
sens multiple apparaîtra comme autant de variations autour du prénom de celle
qui fut sa chère Lise.
Une assez jolie réussite.
Paru aux Editions de
Minuit – 2011 – 157 pages