8.11.08

La petite chartreuse – Pierre Péju

Après avoir lu certains romans récompensés de prix littéraires, vous vous demandez en quoi et pourquoi le livre en question a pu faire l’objet d’une telle gratitude…

Récompensé par le prix Inter en 2003, « La petite chartreuse » fait, pour moi, partie de cette catégorie d’ouvrages retenus à tort. Je n’y vais pas par quatre chemins.

Le récit commence bien, comme pour « Le rire de l’ogre », qui lui est postérieur. On apprécie l’ambiance lugubre de cette petite ville de province, aux pieds des montagnes et pour laquelle la vie va basculer pour deux êtres.

Pour Vollard, gigantesque libraire, espèce d’ogre solitaire dévorant tous les livres sur son passage, hypermnésique et donc capable de riter par cœur n’importe quel passage de n’importe quel livre, une fois lu.

Pour Eva, petite écolière de moins de dix ans, qui parce que sa mère, femme superficielle et en galère permanente, va arriver en retard à l’école, partira en courant dans les rues d’une ville dont elle ignore tout ou presque et se fera renverser par Vollard.

Cette courte permière partie fait l’objet d’une écriture minutieuse, précise et de qualité. Le désespoir sourd lourdement de chaque ligne. La vie de ces deux formes de solitaires que sont Eva, trimballée et abandonnée par sa mère, et Vollard, dont l’hypermnésie et la carrure le condamnent à la marginalité est admirablement rendue.

Puis le livre va finir par s’enliser, comme pour « Le rire de l’ogre » à vouloir partir de de multiples directions sans aller au bout de la moindre d’entre elles.

Pourquoi avoir voulu donner à voir Vollard par les yeux d’un tiers, narrateur d’un temps, et qui va soudainement disparaître au bas d’une page, sans explication ?

Pourquoi ne pas approfondir la misère affective et psychologique de la mère qui aurait fait un personnage romanesque fort ?

Pourquoi osciller entre passé et présent sans que ceci ne fasse progresser un récit dont on finit par se lasser ?

La seule bonne nouvelle, au fond, est que le roman est court. On le refermera donc sans regret en se grattant la tête à force de chercher l’improbable raison qui a voulu à ce roman insuffisant un prix immérité….

Publié aux Editions Gallimard – 179 pages

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