Deuxième roman d’un jeune auteur suédois. Autant le dire tout de suite, une belle réussite et un coup de cœur de Cetalir.
Mattias, trentenaire, apprend par hasard le décès de son ami d’enfance Samuel. Une amitié profonde, totale, entre un jeune homme d’alors douze ans et un adulte de cinquante. Une amitié dont nous allons découvrir le détail et la portée réelle.
Car Samuel est porteur d’un secret, un secret qu’il faudra savoir dénicher au fond d’une petite boîte cachée dans l’anfractuosité du clocher du village où ils ont vécu.
Samuel, dont nous ne tarderons pas à découvrir l’homosexualité totalement respectueuse de Mattias, vit en reclus, protégé par sa mère. Il est triste et dépressif et c’est l’origine de cette immense tristesse que Mattias va rechercher, malgré lui, une fois Samuel décédé.
Pour y parvenir, il dispose d’abord de ses souvenirs qui, à l’aide de menus objets abandonnés par Samuel et sa famille à son attention, vont resurgir à l’état pur. Il dispose aussi de quelques extraits de poèmes et d’une collection de timbres, commencée sur le thème des papillons, rapidement diversifiée. Une collection qui a une histoire, une origine, que nous découvrirons au détour d’une page. Une collection où les reproductions du peintre Gan, suédois et homosexuel, qui met en scène une foultitude de beaux maris, sont légion. Une piste à suivre pour comprendre la nature et la puissance de l’amour que Samuel a éprouvé pour Willam, un beau matelot échoué pour quelques jours dans le petit port local de Suède.
Un amour qui a illuminé la vie de Samuel, un amour qui a duré toute la vie même s’il n’exista que pour quelques jours.
Mattais dispose enfin d’une correspondance laissée volontairement fermée et qu’il va peu à peu ouvrir. Autant de portes pour mieux comprendre Samuel et ce qu’ils ont été réellement l’un pour l’autre. Une clé pour assumer aussi une homosexualité latente, jamais exprimée, qui hante Mattias depuis son adolescence.
Ce roman est construit comme une polyphonie mêlant scènes actuelles, entrecoupées par de multiples réminiscences du passé et par des documents, lettres, photographies, timbres, peintures. On y avance et recule à la fois, car il faut revisiter plusieurs fois certaines scènes, certains détails du passé pour progresser et mieux comprendre.
Il s’en dégage une réelle poésie, une nostalgie dont vont pouvoir surgir, peut-être, la maturité et la capacité à s’assumer tel que Mattias est vraiment.
Mais pour cela, il faudra découvrir, accepter et intégrer le terrible secret de Samuel, celui qu’il ne pouvait lui révéler, celui qui a bouleversé toute sa vie.
Un roman magique, superbe et enchanteur. Une pièce de musique de chambre un brin nostalgique mais éclairée de moments fulgurants. Un véritable petit bijou.
Publié aux Editions Gaïa – 219 pages
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