On se demande parfois ce qui peut conduire un éditeur à
accepter un manuscrit. A la lecture du dernier roman du Philippe Forest, la
question se pose. Non pas que le roman soit franchement mauvais ; non
juste médiocrement intéressant, tout juste à peine en fait. Certes bien écrit,
ce qui lui valut sans doute l’illustrissime anecdotique Prix de la Langue
Française de Brive (si, cela existe !).
Mais enfin, pourquoi emprunter les façons et le style à ce
qui fleure le début du XXème siècle pour narrer les conséquences improbables d’une
gigantesque crue d’un fleuve qui, malgré un anonymat de pure circonstance, n’est
autre que la Seine dans l’une des zones franciliennes densément urbaines qu’elle
traverse.
D’une histoire qui aurait pu être cocasse (une capitale
bloquée, une économie qui s’arrête, des habitants tenus de s’enfermer dans les
étages les plus élevés pendant des semaines ou d’être évacués vers on ne sait
où, une réorganisation complète de la vie sociale etc…. et il y avait de quoi
donner libre-cours à son imaginaire !), Philippe Forest fait un pensum un
peu pédant, d’une lourdeur insupportable. Quand on comprend, en outre, qu’il
tente de mélanger le tout avec une espèce d’intrigue littéraire, de
manipulation sentimentale improbable et de rébus romanesque à la petite
semaine, on n’a qu’une hâte : en finir au plus vite.
Plus qu’un bien mauvais cru : une horrible piquette….
Pubié aux Editions Gallimard – 2016 – 262 pages