22.8.18

Massif Central – Christian Oster



On sait que, roman après roman, Christian Oster applique avec un succès certain une même recette dont seuls les ingrédients et le dosage changent. Face à un problème ou une difficulté quelconques, son personnage masculin central, sorte d’avatar démultiplié à l’infini d’un seul et même personnage, fuit et prend la route. La destination, les étapes, les moyens de transport changent. Mais toujours surgit cette saisissante combinaison de hasards, d’indécision, de rencontres avec des personnages eux-mêmes flottants qui fait le sel et le charme d’un auteur qu’on aime particulièrement.

Cette fois-ci, Paul semble craindre sans raison apparente un certain Carl Denver. Un critique de cinéma auquel il a piqué sa femme Maud dont il vient cependant à son tour de se séparer après une année ou deux de vie commune. Entre le spleen de la rupture amoureuse, l’échec d’une carrière d’architecte brutalement arrêtée et une personnalité qui erre sans cesse entre indécision et procrastination, Paul va mal et est obsédé par Carl Denver dont il est persuadé qu’il veut lui nuire pour se venger.

Solution la plus simple selon Oster : fuir et mettre le plus de distance possible entre Paul et Carl. Cette fois, ce sera le Massif Central à l’occasion des obsèques d’un ami lui aussi architecte. Commence alors une série d’étapes ponctuées de hasards et de rencontres planant sans cesse entre le loufoque et l’inquiétant. Un périple en forme d’indécision constante, semé de messages sybillins où Paul pense progresser en reculant sans cesse tandis que la présence fantasmée ou réelle de Carl Denver semble se faire de plus en plus pressante.

Christian Oster signe un de ses grands romans dont il a le secret. C’est à la fois jubilatoire, disgressif, ponctué de réflexions qui en entraînent d’autres un peu à la manière de Jaenada. Et la fin nous réserve une énorme surprise pour couronner le tout !

Publié aux Editions de l’Olivier – 2018 – 155 pages