1.9.19

Nous aurons été vivants – Laurence Tardieu


Décidément, il faut croire que Laurence Tardieu, dont on tresse régulièrement les lauriers, est un auteur qui ne me convient pas. Il est peu de dire que j’ai absolument détesté son dernier roman. A cela, plusieurs raisons.
La forme tout d’abord, faite d’une écriture particulièrement pauvre, aux répétitions incessantes sans utilité. Les phrases s’enchaînent sans style et cumulent un nombre impressionnant de banalités. C’est absolument affligeant !
Le fond, ensuite et surtout. Visiblement, Laurence Tardieu a voulu se mettre dans la peau d’une artiste peintre dont le mal-être est tel et si profond que tout lui pèse. Du coup, toute sa vie n’est qu’une série d’échecs : un mari qui fiche le camp ne supportant plus sa déprime continue, une fille qui disparaît sans donner de nouvelles depuis sept ans, une carrière en dents de scie faite de longs doutes et de fréquentes interminables interruptions. Et autour d’elle, ce n’est guère mieux tous les personnages semblant pris dans une neurasthénie contagieuse et un mal de vivre qui se répand comme une plaie.
Plutôt que de regarder devant eux et avancer, ces personnages procrastinent, ressassent sans cesse les mêmes pensées néfastes, transforment chaque moment d’avancer en une nouvelle série de doutes. Une scène particulièrement ridicule illustre la teneur de cet odieux roman : regardant sa fille de sept ans manger des tomates mozzarelle au basilic qu’elle vient de lui préparer, la mère (l’artiste-peintre) est prise d’angoisse à l’idée du temps qui passe et de la mort qui l’attend (vous voyez le genre et c’est comme cela pendant près de trois cents pages !!!!). La vie de ces personnages est par conséquent  insupportable pour eux (je les plains sincèrement !) et encore plus pour un lecteur surtout s’il est rationnel et s’efforce de faire de chaque moment de la vie une opportunité même dans les situations les plus tragiques… Plus les pages avançaient (lentement, trop lentement…), plus mon énervement ne cessait de culminer.
Certains y verront un formidable tableau de ce qui se passe dans la tête névrosée d’artistes. D’autres, comme moi, se diront que l’on ferait mieux d’envoyer tout ce beau monde se soigner pour de bon. Avec l’auteur en prime.
Publié aux Editions Stock – 2019 – 271 pages