30.10.19

Le Maître des poupées – Joyce Carol Oates


En six nouvelles aussi glaçantes que terrifiantes, Joyce Carol Oates confirme une fois de plus qu’elle est le Maître des Nouvelles.
Voici six histoires pour dire que derrière l’apparence de l’ordinaire se cache en réalité l’extraordinaire, l’inattendu sanctionné par une conclusion macabre. On ne rit donc pas ou peu à la lecture de ces nouvelles merveilleusement conçues. On se glisse avec un délicieux effroi dans un récit haletant qui prend aux tripes soupçonnant plus ou moins une conclusion fatale qui ne prend cependant jamais l’aspect anticipé. C’est tout l’art de l’auteur que de nous conduire vers des issues surprenantes et de renouveler ainsi notre désir de poursuivre la découverte de cet imposant recueil.
Au fil des récits, nous ferons la connaissance d’un énigmatique jeune homme, collectionneur impulsif de poupées d’un genre inattendu qu’il entrepose dans le plus grand secret au plus profond de la remise délabrée de la gigantesque maison où il loge avec sa mère. Ou bien encore de deux libraires amateurs d’incunables et de récits morbides dont la rencontre va se solder par un terrible jeu entre chasseurs et proies. Ou de cette adolescente mal dans sa peau et naïve, de plus en plus phagocytée par la famille de sa meilleure amie dont les intentions réelles n’ont franchement rien de sympathique. Ou de cette autre adolescente à qui la professeur de sciences sociales a confié la garde de sa maison pendant l’hospitalisation de son mari. Une garde qui finira mal en deux temps et à grande distance.
A chaque fois, le climat est rapidement posé, les personnages cernés laissant alors toute la place à une dramaturgie qui se développe aussi lentement qu’inexorablement. Car il ne peut y avoir d’issue salvatrice à ces récits envoûtants. La seule qui soit est la mort qui rôde partout, sous toutes ses formes surtout si elles sont surprenantes.
Superbe !
Publié aux Editions Philippe Rey – 2019 – 331 pages