27.3.20

La fonte des glaces – Joël Baqué


Comment faire d’un sujet dramatique (le réchauffement climatique et la fonte généralisée des glaces nous promettant un avenir des plus difficiles) un livre délicieusement drôle, déjanté et magnifiquement écrit ? La réponse en est simple : précipitez-vous sur l’inimitable et formidable roman du trop rare Joël Baqué !

Depuis qu’il a perdu sa femme et vendu sa charcuterie, Louis est un retraité aux emplois du temps millimétrés. Installé à Toulon, il a mis au point une technique infaillible pour faire passer le temps à coups de petits ordinaires solitaires. Enfin, cela jusqu’à sa rencontre fortuite avec un manchot empereur empaillé dégotté dans une armoire lors d’une brocante municipale. Une révélation pour Louis qui décide illico presto d’aménager son grenier en réplique de la banquise pour y installer sa « dream team » faite de douze spécimens de manchots empereur qu’il peut contempler emmitouflé depuis son canapé tandis qu’un froid polaire y est maintenu par une installation dispendieuse.

Un changement d’habitude, c’est bien connu, peut en entraîner un autre. Las d’une expérience glacialement mystique, Louis va quitter son antre casanier pour filer du côté d’Ushuaia en vue de rencontrer pour de vrai les manchots empereur. Un voyage qui nous vaudra un des grands moments de crise de rire lorsque le retraité rebondi se fera courtiser par une femelle le trouvant fort à son goût.

Un voyage en entraînant un autre (là aussi c’est bien connu !), l’ami Louis va derechef traverser le continent américain pour partir à la rencontre des remorqueurs d’iceberg décidés à transformer l’eau préhistorique en source d’or locale. Une aventure qui nous vaudra le deuxième très grand moment déjanté lorsque tout un équipage sera pris de folie.

Cessons là le synoptique qui se poursuit sur le même mode impertinent, drôle et étonnant de bout en bout. Joël Baqué signe un roman attachant, enlevé, cousu au fil d’orfèvre, serti d’une écriture éblouissante. Une pure merveille à ne surtout pas manquer !

Publié aux Éditions POL – 2017 – 283 pages