30.6.20

Numéro 11 – Jonathan Coe


Quand on a l’imagination fertile d’un Jonathan Coe, il suffit d’un rien pour construire un roman. Ici, c’est le nombre 11 qui servira de prétexte pour bâtir une histoire, ou plutôt une série d’histoires plus ou moins réussies d’ailleurs où le nombre réapparaîtra sans cesse tel un point de contact à distance.

 

Tout commence avec un couple d’adolescentes venues passer quelques jours chez les grands-parents de l’une, Rachel, pendant que leurs mères respectives, célibataires, sont parties en vacances au soleil. Deux jeunes filles entre lesquelles va se nouer une solide amitié qui va se bâtir grâce à une enquête autour d’une carte à jouer portant sur son dos le dessin d’une terrible araignée.

 

Au fil des longues histoires qui vont se succéder, nous retrouverons l’un ou l’autre des personnages (les deux jeunes filles devenues jeunes femmes, leurs mères, les grands-parents) à des époques, en des lieux et en présence de protagonistes qui diffèrent sans cesse. Seul un fil ténu les relie entre eux. Le fil d’une araignée dont nous découvrirons la portée maléfique à la toute fin du livre dans une séquence assez ridicule mais symbolisant probablement le type de films de série B qu’analyse l’un des protagonistes universitaires du livre tout en s’en gaussant. Pourquoi pas même si c’est pour le moins surprenant de la part d’un romancier qui nous avait habitué à plus de talent.

 

On peut lire le roman de Coe de deux manières. Littéralement d’abord, pour ses histoires. On sera alors assez déçu tant le niveau est inférieur à la hauteur d’esprit, la profondeur d’analyse, la qualité de construction auxquelles l’auteur nous a habitués. Ou bien comme une critique assez violente de la société britannique où les charges ne manquent pas : faillite du système social et de santé, paupérisation des classes moyennes, téléréalité navrante, manipulation de l’information, élites imbuvables et déconnectées de toute réalité, recherches universitaires ridicules et inutiles pour n’en citer que quelques-unes.

 

On n’en reste pas moins sur sa faim avec ce long roman un peu foutoir qui ne comptera pas parmi les plus grandes réussites du génial Anglais.

 

Publié aux Éditions Gallimard – 2015 – 445 pages