15.9.20

La gitane aux yeux bleus – Mamen Sanchez

 

Voici un roman sans prétention, joliment troussé, original et drôle. Bref, de quoi passer un bon moment sans pour autant qualifier l’œuvre de sommet littéraire.

 

Atticus, l’héritier destiné à reprendre les rênes du groupe de presse de son Lord de père, est envoyé par ce dernier à Madrid. Sa mission est simple : fermer la petite filiale ibérique dont le magazine culturel n’a pas trouvé sa place et dont les comptes sont fortement déficitaires. Une mission apparemment claire et simple, certes peu agréable. Une mission qui va tourner à la grande aventure de sa vie pour Atticus.

 

Lui, le diplômé d’une des meilleures écoles anglaises, l’archétype du jeune Anglais brillant, riche, cultivé, sportif mais enfermé dans une culture très insulaire va se trouver confronté à cinq femmes d’âges et de profils différents formant l’équipe éditoriale qu’il est chargé de démanteler. Bien décidées à ne pas se laisser faire, elles vont élaborer un plan apparemment farfelu en vue de détourner le fils du patron de sa mission et gagner du temps pour redresser la situation.

 

Commence alors un récit assez hilarant qui nous promène de Londres à Madrid, en s’attardant longuement dans la ville andalouse de Grenade où se retrouve embarqué Atticus en compagnie d’une belle gitane aux yeux bleus dont il est bien sûr tombé éperdument amoureux. L’essentiel n’est pas dans les péripéties qui servent de colonne vertébrale à une histoire rocambolesque mais fort bien menée, même si la fin traîne sans doute un brin en longueur. Le vrai charme de ce roman réside dans sa galerie de personnages hauts en couleurs, fortement caractérisés, symbolisant puissamment les différences culturelles immenses entre une Albion d’autant plus coincée qu’elle évolue dans les hautes sphères de sa société et une Espagne débonnaire, joyeuse et pleine de vie où bien des choses se passent à la bonne franquette, sans formalisme. La confrontation des deux concomitamment à la transformation radicale d’Atticus découvrant un autre univers où il peut enfin exister donne lieu à de savoureux tableaux où les éclats de rire se multiplient.

 

Saluons pour cela ce roman qui aura le mérite d’éclairer des journées ternies par la situation générale des plus moroses.

 

Publié aux Éditions Mercure de France – 2020 – 295 pages