21.1.21

L’inconnue du 17 mars – Didier van Cauwelaert

 

L’œuvre de Didier van Cauwelaert emprunte depuis toujours des chemins de traverse. Quand ses livres ne nous parlent pas des animaux ou de la vie cachée des plantes, c’est qu’il a saisi une actualité brûlante, un fait divers, une humeur pour en faire une histoire originale destinée à nous interpeler et à nous faire réfléchir. Son dernier roman n’échappe pas à cette règle, bien au contraire !

 

17 mars 2019 : une date qui devrait marquer le XXIème siècle. Pour la première fois, un confinement général, total, est prononcé en raison d’une crise sanitaire, celle provoquée par la Covid-19, qui menace d’emporter notre système de santé. Pour la première fois, le monde s’arrête et des milliards d’hommes et de femmes se trouvent confinés de force pour de nombreuses semaines.

 

Ce jour-là, Lucas, un SDF qui a choisi la rue comme remède à une vie faite d’échecs sentimentaux et professionnels, va voir sa vie bouleversée. Renversé par une voiture, il se retrouve propulsé dans un univers parallèle, en prise directe avec le sosie de son amour de jeunesse débarquée d’une autre planète. Une extra-terrestre chargée par une assemblée de sauver notre planète en employant un moyen inédit : créer et diffuser un virus faiblement létal mais à propagation rapide en vue d’éveiller les consciences humaines et de les appeler à cesser de massacrer la Terre qui les nourrit. Un message pour agir avant d’être balayé, la prochaine fois, par un nouveau virus autrement plus mortel.

 

La mission de Lucas est simple : sauver le monde en trouvant le remède, non pharmaceutique, naturel, écologique mis au point des années avant par le parent qui l’a recueilli, orphelin, et élevé avant de mourir assassiné dans son château.

 

Présenté comme tel, le roman de Cauwelaert pourrait s’apparenter à une grosse farce. Que nenni, il s’agit plutôt d’un très beau conte philosophique à la manière de Voltaire ou des Lettres Persanes. Un conte pour nous appeler à ne pas nous laisser broyer par un climat anxiogène où nos libertés individuelles sont de plus en plus laminées, jour après jour, au motif d’une urgence sanitaire. Une histoire drôle et émouvante, loufoque et originale pour nous rappeler, comme le déclare l’auteur, qu’en période de crise, trois vertus restent essentielles pour réagir et s’en sortir : l’esprit critique, la faculté d’émerveillement et la capacité à rebondir.

 

Une histoire où le complotisme n’est cependant pas loin même si l’auteur s’en défend et préfère parler d’études scientifiques disponibles et consultables, d’expériences probantes que les lobbies en tous genres dénigrent car mettant en péril leurs intérêts privés. On laissera le soin à chacun de se faire sa propre opinion sur le sujet.

 

Quoi qu’il en soit, « L’inconnue du 17 mars » fait souffler un vent de fraîcheur, une brise d’optimisme en ces temps sombres où désespoir, peur, exclusions se combinent pour former un cocktail des plus dangereux pour nos démocraties…

 

Publié aux Éditions Albin Michel – 2020 – 168 pages