Sôseki est un des grands romanciers japonais de la fin du XIXeme – début du Xxeme siècle.
« Les herbes du chemin » constitue son dernier roman, écrit en 1915 alors qu’il était malade et n’allait pas tarder à mourir.
Un roman très autobiographique qui nous laisse découvrir un personnage incapable de maîtriser ses émotions, hypersensible, égocentrique, ayant un rapport au temps proche de celui d’un avare à l’argent. Il en manque toujours mais n’en fait rien !
Un mari égoïste et rarement à l’écoute de son épouse, un couple bizarre, bancal et où les disputes sont fréquentes et se traduisent par le fait que le mari se réfugie dans son bureau à la moindre occasion.
Un père coupé de ses enfants pour lesquels il semble n’éprouver aucun sentiment.
Et surtout, un homme tourmenté par des problèmes d’argent. Placé à trois ans dans une famille adoptive selon la loi japonaise qui rend cette démarche très simple, Kenzô, le personnage principal du roman, va suivre le même chemin que celui emprunté par Sôseki lui-même.
Il sera élevé par une famille adoptive qui mettra de côté tout l’argent reçu de la famille d’origine de Kenzô et l’élèvera chichement. A la suite du divorce de ses parents adoptifs, Kenzô retournera dans sa famille génétique et son père de sang devra acquitter une pension alimentaire à son père adoptif. Jamais il ne sera véritablement accepté par ses parents génétiques qui auront été obligés de le reprendre. Toute notion d’amour filial est absente.
Devenu adulte, Kenzô se débattra toujours avec l’argent. Il en gagne trop peu pour assurer une vie décente à sa famille. Sa femme, en cachette de lui, n’a d’autres solutions que de porter kimonos et objets précieux chez les usuriers.
Lorsque Kenzô se décidera à travailler plus sur l’insistance de son épouse, pour gagner plus, alors sa famille d’origine comme ses parents adoptifs n’auront de cesse de le harceler pour lui soutirer la moindre somme d’argent. Son train de vie proche du néant combiné à un poste d’enseignant ne peuvent que signifier richesse et économie.
Dépressif, incapable de se maîtriser, centré sur lui-même, asocial, Kenzô saura rarement refuser et s’enfoncera tout seul dans une spirale d’endettement et de vie chiche. Au détriment de sa propre famille, de sa propre épouse qui ne bénéficie jamais de la moindre attention, de ses propres enfants qui le répulsent.
Kenzô, harcelé par son père adoptif malgré un acte signifiant que plus rien n’était dû à ce dernier, va se laisser envahir par ses ex-parents adoptifs qui vont tout mettre en œuvre pour le dépouiller du moindre yen, jouant de son caractère pusillanime.
Un roman sombre qui semble sans issue. Le roman d’un grand dépressif, incapable d’être au monde et de comprendre les fonctionnements normaux des hommes en société.
Littérairement parlant, un roman assez difficile d’approche, dont la langue, très dure, faite de phrases factuelles, presque dénuées de tout sentiment, rend la lecture éprouvante et contribue à l’impression générale de malaise qui suit sa lecture.
A découvrir pour qui s’intéresse à la littérature nippone.
Publié aux Editions Picquier Poche – 246 pages
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