20.7.20

Les empreintes du diable – John Burnside


Ravel en a fait une esquisse pour piano. Les habitants de la petite bourgade écossaise de Coldhaven, un beau matin il y a fort longtemps, lorsqu’ils découvrent leurs champs couverts de neige, immaculés, portant juste quelques traces de pas sur la neige en feront pour leur part une légende invoquant le passage du diable.

 

De cette croyance semble naître depuis toute une série d’évènements funestes. Pour Michael Gardiner, le narrateur, tout commencera avec l’installation de ses parents dans cette petite ville côtière, située loin de tout. Une ville qui les rejettera par xénophobie (sa mère est américaine, son père anglais) et par jalousie (son père est un célèbre photographe et la famille est aisée tandis que le milieu environnant est celui de la petite bourgeoisie aux moyens limités).

 

Mais, rapidement, ce sont les morts violentes complétées d’échecs cuisants qui viendront prendre le relai. Décès de la mère de Michael dans un accident de voiture mystérieux, décès d’un camarade de classe du jeune Michael dont nous apprendrons les circonstances très particulières et coupables, décès de son ancienne petite amie qui se suicide dans des circonstances tragiques avec ses deux filles. Décidément, le diable semble bien frapper régulièrement et laisser ses empreintes.

 

Dès lors, la vie de Michael semble tourner à vide. Sans occupation professionnelle, vivant de ses rentes, il navigue entre une épouse avec laquelle une distance insondable s’est installée, une femme de ménage qui s’applique à lui raconter tous les ragots du coin et ses rêveries, ses doutes, ses angoisses. Un cocktail qui finira par tout faire exploser et l’entraîner dans une cavalcade triste comme la société britannique qu’il rencontre, morne comme les paysages anonymes qu’il traverse, décevant comme les personnages qu’il y côtoie et qui le trompent.

 

Tant de noirceur finit par coller à la plume de l’auteur et rendre la lecture de ce roman étrange, presque cauchemardesque parfois, assez pesante. Toujours est-il que John Burnside s’y révèle une fois encore un talentueux portraitiste et un analyste sans concession d’un monde sans joie.

 

Publié aux Éditions Métailié – 2008 – 218 pages