20.11.20

La Russie de Poutine en 100 questions – Tatiana Kastonéva-Jean

 


En tant que Directrice du département pour la Russie à l’Ifri, passant sa vie entre deux cultures et deux pays, Tatiana Kastonéva-Jean est particulièrement appropriée pour apporter sa contribution avisée à la collection « en 100 questions » éditée par Texto.

 

Voici désormais plus de vingt ans que Poutine, désigné par Boris Eltsine comme son successeur, s’est emparé du pouvoir en Russie. Depuis son avènement, beaucoup de choses ont changé dans son pays et certaines persistent comme une forme d’héritage insidieux de l’époque soviétique.

 

En cent chapitres courts de trois pages en moyenne, Tatiana Kastonéva-Jean expose son analyse de questions essentielles, basée sur la connaissance détaillée qu’elle a du pays, du contexte, des décideurs politiques et économiques qu’elle côtoie régulièrement. Un tableau où l’on comprend que la Russie de Poutine est traversée par certaines constantes majeures. Celle de vouloir retrouver la grandeur de la Grande Russie tsariste, affirmée par une puissance militaire et un ensemble de vassaux qui lui sont plus ou moins inféodés. Celle d’un nationalisme exacerbé par la fierté d’avoir vaincu l’Allemagne nazie au prix de 40 millions de morts et par le sentiment furieux de ne pas en avoir été reconnue à sa juste valeur par l’Occident. Du coup, le pouvoir a beau jeu d’attiser ces frustrations en faisant de l’Occident l’ennemi juré craignant par-dessus tout que celui-ci encourage les révolutions de couleur à ses frontières et renforce la présence des forces de l’OTAN. Celle d’un pays dont l’économie reste très dépendante du pétrole et du gaz vendus principalement encore à l’Union Européenne et où les liens entre puissance économique et politique sont aussi secrets qu’étroits, Poutine n’hésitant pas à frapper tous ceux qui auraient la velléité de s’écarter d’une ligne qu’il a lui-même fixée. Celle encore d’un pays globalement encore incapable, hormis dans quelques rares domaines comme le spatial ou le cyber, de se poser comme un acteur majeur de l’économie mondiale faute de talents qui fuient encore massivement à l’étranger. Celle aussi où une population vit largement encore dans la nostalgie de l’État Providence fournissant tout gratuitement en contrepartie d’un renoncement à la plupart des libertés, d’où une admiration pour un pouvoir fort même au prix des innombrables caricatures de démocratie qu’il peut offrir.

 

Malgré cela, de nombreuses menaces pèsent sur le pouvoir en place. La crise sanitaire qui a fortement fragilisé les classes populaires, l’incapacité à former et retenir des élites, une démographie en berne entraînant un vieillissement rapide de la population, la vassalité conditionnelle de la plupart des ex-républiques soviétiques qui n’entendent pas s’aligner purement et simplement sur les positions de Poutine. L’absence de réelle démocratie, les luttes permanentes entre oligarques allant jusqu’aux règlements de compte plus ou moins mafieux sont autant d’inconnues empêchant de prédire comment la transition politique s’effectuera et avec quelles conséquences.

 

Voici quelques-unes des questions traitées dans ce passionnant volume.

 

Publié aux Éditions Texto – 2020 – 318 pages