5.11.20

Bénie soit Sixtine – Maylis Adhémar

 

Bienvenu chez les cathos tradi, entendez par-là les intégristes purs et durs. Pour ce premier roman, la journaliste indépendante toulousaine Maylis Adhémar s’est inspirée de sa propre expérience et de son histoire personnelle.

 

Cela ne plaisante pas du côté des intégristes. L’existence entière y est réglée par la religion dont les dogmes, les rites, les obligations pèsent sur chaque moment de la journée et tout simplement de la vie. Prières à réciter par cœur à heures fixes, chapelets à égrener, messes obligatoires et confessions fréquentes forment les piliers d’une foi rigoureuse. Une foi qui impose aux filles des tenues dissimulant toute féminité et aux garçons le port du costume-cravate. Une foi qui envoie les jeunes dans des camps où leur sont inculquées les bonnes manières traditionnelles histoire de les formater au plus vite.

 

Un monde qui cultive l’entre-soi. On s’y marie entre familles de « croisés » adoubés par les confréries religieuses où certains membres se sont d’ailleurs volontairement reclus. Les hommes y sortent des meilleures écoles tandis que les filles et futures épouses ne sont là que pour pouliner en donnant à leurs maris dévotion, admiration et quantité d’enfants histoire d’alimenter la future armée de croisés.

 

Car, la grande affaire des jeunes chefs de famille est de bouter hors de France tout ce qui la menace : étrangers (surtout s’ils sont musulmans), gauchistes, contestataires en n’hésitant pas à faire le coup de force, encouragés en cela par des confréries religieuses prônant l’intolérance et auxquelles on jure allégeance. Bref, une horde de jeunes mâles sûrs d’eux formant les rangs d’une extrême-droite carrément fasciste.

 

Un univers que rejoint, naïve, Sixtine une jeune femme issue de l’une de ces familles tradi en épousant Louis Sue de la Garde, un jeune polytechnicien sûr de lui et bien décidé à faire triompher ses valeurs. Derrière ce mariage grandiose dans la grande bourgeoisie nantaise se cachent en réalité la misère sexuelle, la transformation d’une épouse en esclave de son mari, et, bien vite, une grossesse douloureuse. Une expérience qui aurait dû être le prélude de nouveaux épisodes et qui prendra un tout autre chemin après la survenue d’un drame rebattant totalement les cartes.

 

Commence alors pour Sixtine la prise de conscience progressive de la relativité de ses croyances, le côté sectaire et dangereux du monde dans lequel elle se trouvait plongée, la réalité sur les actes de son mari et, enfin, la vérité sur sa propre famille. Et avec ces révélations, la découverte d’un monde aux antipodes de celui de sa provenance, celui des squats, des gauchistes libertaires, du monde populaire où solidarité et entraide forment la base pour faire face à l’adversité.

 

On pourra voir en ce roman une chronique sociale de deux univers que tout oppose enchâssée dans une histoire dont on ressent bien combien elle fait écho à celle, personnelle, de l’auteur. Certes. On pourra aussi y voir une première partie faite de poncifs, accumulant les formules convenues, manquant totalement d’originalité, distillant un ennui profond donnant envie d’abandonner la lecture. Ce n’est qu’après la survenue du drame (dont nous ne dirons rien) que le roman commence à trouver un peu plus son envol. Un envol tout relatif tant la méconnaissance des règles régimentant les successions rend la narration peu crédible. Bref, une copie décevante au total…

 

Publié aux Éditions Julliard – 2020 – 304 pages