22.3.20

Métamorphoses – François Vallejo

Écrit en 2012, le roman de François Vallejo reste largement d’actualité au moment où se pose la question du retour des djihadistes français dans leur pays d’origine.

Rien ne prédestinait Alban, un jeune homme sans histoire particulière issu d’une famille de la moyenne bourgeoisie parisienne, à basculer du côté du fanatisme religieux. Jusqu’à la découverte fortuite, par sa demi-sœur aînée Alix qui a toujours fait un peu office de seconde mère veillant sur lui, que le jeune homme fréquentait la mosquée du quartier et les milieux musulmans sous le nom d’Abdelkrim Youssef. C’est un coup de poing dans le ventre qu’elle reçoit avec cette nouvelle impensable.

Bientôt, malgré les dénégations du converti et l’aveuglement des parents qui ne veulent voir là qu’une lubie de leur fille envers un frère qu’elle a toujours eu trop tendance à encadrer, les signes de radicalisation d’Alban vont se multiplier. Jusqu’à sa disparition mystérieuse lors d’un voyage au Kenya puis son départ volontaire, mais dissimulé, vers un camp d’entraînement quelque part du côté du Pakistan.

Dès lors, Alix, restauratrice spécialiste des fresques du Moyen-Âge, n’a de cesse que de retrouver la trace de son frère au risque de couler sa propre réputation professionnelle. Fougueuse et déterminée, elle découvrira bientôt qu’elle n’est pas la seule à pister un homme aux intentions potentiellement malveillantes. Commence alors un jeu complexe mettant en jeu les enquêtes des services de renseignement et le propre travail d’Alix ainsi que sa vie personnelle dans ce qu’elle a de plus intime. Un jeu de manipulations à multiples niveaux pour tenter de glaner des renseignements et éviter le pire : le passage à l’acte pour un frère devenu fou de Dieu, un drame terroriste pour l’État.

François Vallejo tente visiblement ici de rendre compte de ce qui peut pousser un jeune insoupçonnable à tomber entre les griffes d’extrémistes islamistes prêts à tout au nom d’une doctrine radicale et du désarroi que cela peut engendrer dans le cercle familial. Son propos se fait aussi plus politique, dans la dernière partie du livre, soulignant indirectement les risques engendrés pour la population et ceux qui sont suspectés du fait d’un État usant de tous les moyens  pour protéger ses intérêts et sa réputation. Au résultat, cela donne cependant un roman un peu bancal auquel on a du mal à s’identifier par manque de réalisme ou plutôt dans de crédibilité dans les jeux de pouvoir et de manipulation entre les personnages gravitant autour du jeune homme radicalisé. L’intention est louable donc mais le résultat peu convaincant.

Publié aux Éditions Viviane Hamy – 2012 – 331 pages