8.3.20

Miss Islande – Audur Ava Olafsdottir


 
Depuis l’incroyable succès de Rosa candida, chaque nouveau roman d’Audur Ava Olafsdottir est attendu avec une certaine impatience de la part de ses nombreux lecteurs.

Avec Miss Islande, nous retrouvons certains des ingrédients qui sont la marque de l’auteur : des personnages à la fois solitaires, sensibles, brillants mais peinant à trouver leur place dans une société qui rejette l’a-normalité ainsi qu’une plongée au cœur de l’Islande, de sa nature sauvage, de son climat rude et où il a fallu lutter à des générations entières d’hommes et de femmes vivant essentiellement de la pêche et d’une agriculture de base pour survivre.

Une des particularités islandaises est d’être dotée d’une riche tradition littéraire, les auteurs romanesques et poétiques ne manquant pas (même s’ils nous restent globalement inconnus) depuis le XVIIIème siècle. Faut-il y voir un moyen de s’échapper par la pensée et le rêve d’un hiver interminable ?

En tout état de cause, Hekla semble bien décidée à se faire un nom parmi ces écrivains. Celle qui porte le nom d’un volcan parce que son père, agriculteur, n’a jamais vécu que pour la passion des volcans de son île possède cependant le double lourd handicap d’être une femme et d’être belle. Dans l’Islande patriarcale et machiste des années soixante, la place de la femme était au foyer, destinée à élever les enfants et à prendre soin de son homme.

Aussi, lorsqu’Hekla débarque à Helsinki pour gagner son autonomie, sa beauté lui vaut rapidement l’attention de tous les mâles âgés et libidineux qui vont chercher à tout prix à l’enrôler dans le concours de Miss Islande, une formidable couverture destinée à satisfaire leurs besoins de chair fraîche. Hekla refusera toujours de céder à de vaines sirènes, consciente et informée des dangers qui la guettent. Son seul but est d’écrire, de terminer son roman, elle qui a déjà vu quatre de ses manuscrits publiés sous des noms masculins d’emprunt. S’imposer comme femme de lettres est loin d’être gagné dans ce pays alors rétrograde. Quant à son ami d’enfance, homosexuel, rêvant d’être costumier de théâtre et de pouvoir vivre librement avec l’homme de son choix, trouver sa place dans une société homophobe n’est pas plus simple. Ensemble, s’épaulant l’un l’autre, ils tenteront d’obtenir gain de cause jusqu’à finir par se résigner à comprendre que l’Islande n’est pas prête pour des êtres à part comme eux.

« Miss Islande », récompensé par le Prix Médicis Étranger 2019, n’est pas pour moi le meilleur roman d’Olafsdottir. Il est certes très dans l’air du temps qui vise à promouvoir l’égalité des droits de tous, mais les références sociales, culturelles et politiques à l’Islande des temps anciens et de cette première partie de la deuxième moitié du XXème siècle y sont trop présentes pour nous parler vraiment. Au total, ce roman semble plus anecdotique qu’autre chose.

Publié aux Éditions Zulma – 2019 – 263 pages